à la recherche du temps merdu

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Longtemps j'ai chié de bonne heure, ne me souciant de rien d'autre que du délicat passage du reliquat, qui, allié à toutes les focalisations aggravées d'inquiètes spéculations et à tout le carnaval des parfums sulfureux trompettant et gargouillant, forgent, par la soumission à la plus puissante injonction de la nécessité, le goût des choses nauséabondes et le goût du dégoût de soi, et, une certaine idée tout égotique de la Réussite.

50 paragraphes
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Jeu

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Commentaires

Portrait de Gwalchmei

Je ne pouvais pas ne pas commenter cette AVH, qui m’a mis une énorme claque ! Une claque aussi bien par sa maîtrise littéraire que par sa radicalité pleinement assumée. Une œuvre dense, brillante, et qui ne transige jamais avec son propre parti-pris.

Le pastiche du titre n’est pas gratuit. Sans faire de la psychologie à deux sous,  il renverse la quête de l’âme vers la matière, du souvenir vers l’oubli impossible de l’humiliation. Le texte emprunte même, dans un style torrentiel, à la fois délibérément trivial et étonnamment lettré, les sinuosités proustiennes, mais sans jamais se prendre les pieds dans le tapis. Et là, franchement, j’ai rarement vu ça dans une AVH, c’est terriblement fort.

La langue est d’une aisance folle : argot, onomatopées, digressions savantes, parodies littéraires — tout ça coule (dans les fonds de culotte) avec une justesse incroyable, sans esbroufe, sans prétention. C’est du grand art… en douce.

L’aventure, en apparence dérisoire bascule très vite dans un cauchemar kafkaïen, et chaque choix devient une lutte contre un système absurde, normatif, hygiéniste, voire autoritaire. On est pris au piège dans un labyrinthe froid et bureaucratique, mi-réaliste, mi-onirique, qui reflète les dérives d’une société de contrôle, d’une désespérante complexité, par essence nihiliste.

Et puis, attention, le recours à la scatologie ne sert pas ici de simple provocation gratuite ! Il devient matière (fécale) littéraire, une esthétique du corps refoulé, du honteux, du physiologique rendu politique.

C’est très, très bien vu : notre système digestif, souvent tabou, sert de porte d’entrée (si j’ose dire) vers l’analyse sociale, un révélateur d’humanité nue, loin de tout héroïsme fabriqué, parfois érigé en modèle.

Ici, le corps ne sauve personne. L'injonction irrépressible de chier l'emporte sur la destinée absconce forcément pure et émancipatrice. Et c’est précisément cela qui devient vecteur de critique sociale, d’interrogation sur la norme, sur l’ordre, sur la honte.

Fifre ne renonce pas pour autant à l’humour. Mais c’est un humour rabelaisien, frontal, décapant, qui accentue encore le malaise existentiel. On rit… jaune. Le contraste est d’autant plus fort, et la question centrale devient : jusqu’où peut-on tomber sans perdre son humanité (ou du moins, les conventions de l'humain répondant aux codes imposés de la société) ?

Kafka, évidemment. Mais aussi peut-être Foucault, Ionesco… et un petit quelque chose de Céline, dans le phrasé heurté, dans la noirceur lucide, dans cette façon de cracher du style tout en disséquant la société à vif.

Alors que dire ? Un diamant enrobé de caca ? C’est trop facile, et ça ne rend pas vraiment hommage à la finesse du propos.

Non, ce texte, c’est une leçon de style, une démonstration d’intelligence et de liberté littéraire. À tel point que, je le dis franchement, sans flagornerie ou modestie surjouée, ça m’a mis un coup au moral : je me suis senti tout petit, moi qui gratouille mes propres textes avec tant de maladresse.

Il y a là un gouffre — un gouffre lumineux, impressionnant — entre mon bricolage d’auteur et ce bijou d’irrévérence maîtrisée.

Oui, cette œuvre divisera. Elle dérange, elle bouscule, elle heurte même. Mais une fois qu’on accepte le voyage (au bout du sphincter), on n’en ressort pas indemne.

C’est peut-être le truc le plus puissant que j’ai lu sur Littéraction, à la fois par son choix de sujet, son audace formelle, et par la facilité apparente avec laquelle l’auteur se joue des mots, des concepts, des symboles… et de nous.

Enorme respect, vraiment.
Je crois que je vais me mettre au jardinage.

 

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