Livre-jeu, jeu vidéo : destins croisés

 

Retour à l'ère Atari. Les jeux sur écran sont composés de quelques carrés sur fond uni, et reposent sur la meilleure carte mémoire de tous les temps : l'imagination. C'est aussi dans ces années qu'un genre littéraire va connaître un grand succès : le Livre dont vous êtes le héros (LDVELH), ou livre-jeu. A priori, peu de points communs. Le format visuel propose des actions basiques : se déplacer, tirer... tandis que le format papier permet de vivre des aventures plus complexes, dans des univers plus travaillés. Deux types de divertissement très différents.

Un premier pas sera franchi lorsque des livres-jeux seront portés sur écran. Il s'agit de lire une histoire et de choisir les actions, ou de les écrire à l'aide du clavier. Au besoin, quelques illustrations viennent émailler l'aventure, particularité que l'on retrouve également dans la plupart des livres-jeux. Aujourd'hui encore, des jeux vidéos (rares, certes) sont publiés sur ce modèle.

Alors, le livre-jeu a-t-il profondément influencé le jeu vidéo ? Pas vraiment. A bien y regarder, ce serait même plutôt l'inverse.

 

Construction très similaire

 

La construction de certains livres-jeux semble très inspirée des jeux-vidéos de l'époque, sur au moins trois aspects : l'objectif, les actions et la difficulté.

L'objectif, dans ces jeux vidéos basiques en 2D (vue de profil), consiste dans de très nombreux cas à aller d'un point A à un point B, en rencontrant des ennemis et des énigmes. Principe que l'on retrouve dans quantité de LDVELH : aller chercher un trésor, grimper une montagne pour tuer le sorcier...

Les actions sont parfois influencées très largement par le déroulement d'un jeu vidéo. Ainsi, sans citer d'oeuvre en particulier, remarquons que certaines pourraient se lire un joystick en main. Il s'agit pour l'essentiel de se déplacer et de combattre, jusqu'à la conclusion.

Enfin, la difficulté de bon nombre des premiers jeux vidéos était tout bonnement diabolique. En dehors de l'unique bonne méthode, c'est l'échec. On constate cette similitude avec bon nombre de LDVELH : en dehors du bon choix, c'est la fin de l'histoire.

 

Chemins séparés

 

L'évolution technologique fulgurante va pourtant propulser très haut le monde du jeu vidéo. Après les années Atari, ce sont les années PC et consoles de salon. Les capacités des machines augmentent régulièrement, les jeux évoluent. Avec la 3D, ils deviennent immersifs, les décors sont plus détaillés. Les possibilités deviennent plus importantes. Le joystick a un bouton cède la place à la manette à deux, puis trois, six, huit et dix boutons. Les jeux PC deviennent de plus en plus complexes. Les possibilités offertes au joueur s'étoffent.

Côté livre-jeu, il y a des innovations, mais elles sont peu nombreuses. Des auteurs publient des récits avec des règles innovantes, parfois plus complexes. Avec le temps, le genre tombe dans l'anonymat.

 

De l'évolution des espèces

 

« Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent », dixit Darwin. Le principe est valable, même dans le domaine du jeu.

Une analyse sans compromis permet de faire le constat suivant : il n'y a aucun point commun entre les jeux vidéos les plus vendus de nos jours, et les hits d'il y a vingt-cinq ans. Si le principe est toujours d'offrir un divertissement interactif, le jeu vidéo a subi une évolution incroyable. De nos jours, le jeu vidéo se rapproche fortement du film interactif. La difficulté a été baissée pour offrir plus de plaisir de jeu, sans toutefois sacrifier une part de challenge. La liberté d'action est un argument de choix, réclamé par le consommateur. Cette ambition répond à une demande du public, confortée par des ventes importantes.

Et le livre-jeu ? Si des oeuvres se distinguent par leur qualité d'écriture ou leur narration, le genre « officiel » semble être figé dans le passé, immobilisé par des règles trop restrictives qui l'empêchent d'accéder à son potentiel réel.

 

Le réel potentiel du livre-jeu

 

Ne nous y trompons pas. Le format papier est porteur de possibilités quasi-infinies. Peu importe le nombre de boutons sur un clavier ou une manette, le joueur de jeu vidéo sera toujours enfermé dans un panel d'actions, mais pas de choix. Quel bouton pourra jamais servir à faire un choix moral ou à décider d'une stratégie ?

Les choix d'un lecteur en fin de chapitre peuvent faire basculer entièrement une histoire, en changer la trame, l'issue, le déroulement. Cette possibilité est tellement forte qu'encore aujourd'hui, en dépit du progrès, des jeux vidéos s'en servent ponctuellement. A l'issue d'une situation, le joueur est placé face à un écran de possibilités, et bouge le curseur vers celle qui l'intéresse le plus. Ce type de narration est directement pompé des LDVELH !

 

Ambition, accessibilité, innovations, immersion... Pour réussir son évolution, le livre-jeu a dû se transformer. Pour trouver son public, il a dû perdre de son côté minimaliste et dirigiste. Le jeu vidéo s'est dirigé vers le film interactif, le livre-jeu s'est dirigé vers le roman interactif.

Si l'évolution du LDVELH ne s'est pas faite dans le commerce, elle s'est réalisée avec succès dans le milieu amateur. Vous trouverez d'excellents romans interactifs sur ce site, rédigés par des auteurs compétents et ambitieux qui ont su réformer le genre avec succès.

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Commentaires

A l'epoque ce qui ressemblait le plus au LDVELH ce sont les jeux de la categorie "Texte aventure" ou il fallait faire progresser le heros en tapant des phrases du genre :

Fouiller poche - prendre clef - ouvrir porte avec clef ...

Portrait de ART

C'est vrai. Quelle nostalgie !

Portrait de Sunkmanitu

Shining in the darkness, Heroes of the lance, Zelda, Landtsalker, Legend of Thor, Light cursader, je ne parle que de ceux que je connais et que je possédais... Une ambiance inoubliable, des musiques et des scénarii fouillés. Enfin bref, à cette époque on faisait du livre et du jeu qui savait développer l'imaginaire des enfants, plus aujourd'hui...

Vive la trentaine ! 

Old gen power !

Il est clair que le livre-jeu sur papier ne peut gérer qu'un univers limité en fait de

- nombre et détail des lieux

- nombre des personnages ( pj comme pnj ) et liberté qui leur est laissée.

Le jeu sur ordinateur a des capacités nettement supérieures dans ce domaine et peut donc atteindre une ampleur bien plus grande ( mais ses capacités sont quand même moindres que celles d'un bon vieux Maître de Jeu armé de ses notes et de son seul cerveau… )

 

De plus le livre permet d'accroitre son imagination. Qui n'a jamais imaginé les paysages parcouru par les heros des ldvelh ? Alors qu'avec le jeu vidéo celui ci est certes plus visuel mais en même temps "figé".

Portrait de Maléfisse

Les jeux vidéos sont à présent des machines à fric. Le principe n'est pas de faire le meilleur jeu possible mais celui qui rapporte le plus. A quoi bon faire un nouveau concept alors que l'on peut tout simplement reprendre un jeu à succès déjà existant et faire un copié-collé ?

on peut presque dire que  : film vs livre = jeux vidéos vs LDVELH

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