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Comme tous les matins, vous arrivez à votre bureau une bonne demi-heure avant le début des consultations, histoire de pouvoir prendre une tasse d'un quelconque liquide bouillant en paix tout en triant votre paperasse.
Et comme à peu près une fois par semaine, malgré l'heure matinale, il y a déjà quelqu'un dans la salle d'attente. Aujourd'hui, c'est une silhouette maigrichonne en baskets et survêtement qui se trémousse nerveusement sur l'une des chaises en plastique.
Vous n'êtes pas particulièrement du matin (ni du midi, ni du soir, il est vrai), mais vous n'avez pas le cœur à la laisser mariner dans son jus encore une trentaine de minutes, aussi l'invitez-vous à entrer sitôt votre bureau déverrouillé.
Elle se lève timidement, s'avance, et cache difficilement sa stupéfaction devant le dépouillement de la pièce. Deux chaises pliantes installées de part et d'autre d'une table, leurs sœurs au repos dans un coin, une armoire métallique à tiroirs. C'est à peine s'il y a une fenêtre, qui donne sur le béton de l'immeuble d'en face.
« Désolé, ce n'est pas très confortable, mais c'est tout ce que la mairie a bien voulu m'accorder. »
Vous ne jugez pas bon d'épiloguer sur votre tentative d'installer, à vos frais, des fauteuils plus confortables, et d'avoir dû remettre en place les anciennes chaises suite à une injonction de l'administration. Le petit fonctionnaire qui s'occupe de la gestion de ces locaux vous déteste, et fait tout ce qu'il peut pour vous pourrir la vie avec une médiocre méchanceté somme toute banale.
Votre visiteuse matinale acquiesce et prend place gauchement sur une chaise, clairement intimidée. Quant à vous, vous allez vous chercher un truc chaud dans un gobelet en plastique à la machine, lui demandez si elle veut quelque chose, et elle vous oppose, comme vous vous y attendiez, un refus poli presque inaudible.
Après quelques ronronnements mécaniques, vous recevez votre nectar au rabais, revenez, vous asseyez à votre tour, avalez d'une traite votre remontant, manquez de vous brûler la langue et la gorge, puis démarrez l'entretien.
La personne effrayée en face de vous est de taille moyenne, a la capuche de son sweat rabattue sur ses yeux, possède un physique androgyne, et démontre de façon générale tous les symptômes d'une grande timidité.
Comment allez-vous procéder ?
* [[Vous lui parlez de vous pour la mettre en confiance ?->About me]]
* [[Vous l'encouragez à parler d'elle ?->Joss]]
* [[Vous attendez simplement qu'elle dise quelque chose ?->Onawa, not Psy]]
(set: $names to true)
Un certain nombre de minutes s'écoulent. Vous vous efforcez de ne pas montrer votre impatience, et donc de ne pas regardez l'heure, mais le temps ne s'arrête pour personne et vous le sentez passer, lentement, péniblement.
Enfin, elle se décide à parler. En commençant par l'inévitable remarque des gens qui ne savent pas comment vous aborder.
« C'est vrai que vous êtes la fille de Psy ? »
Et comme mille fois auparavant, vous répondez sans vous démonter.
« Oui, je suis bel et bien la fille d'Onawa Rootless, que les médias ont surnommé Psy. »
La force de l'habitude est telle que vous n'hésitez même pas sur quel autre nom donner. Votre mère a un tas d'alias et de pseudonymes, et elle se retrouve dans chacun... Mais pas dans ce sigle ironique qu'un torchon lui a attribué et qui a été repris par tous les autres.
Votre gentille réprimande foudroie votre interlocutrice, qui s'efforce de bégayer une excuse.
« Ne vous inquiétez pas, cela arrive à tout le monde. Même certains de ses amis proches l'appellent Psy parfois, dans un instant d'égarement. C'est court, cela sonne bien et c'est le nom qui est dans tous les journaux. »
Elle acquiesce mollement et murmure sa réplique suivante.
« Je ne vous imaginais pas comme cela. »
Là, encore, vous soupirez intérieurement à cette remarque perpétuelle. Au moins vous permet-elle de relancer la conversation aisément.
« Et comment m'imaginiez-vous ?
— Je... Je ne sais plus. Plus... exubérante ? »
Vous la laissez chercher ses mots.
« Vous savez, votre mère a parfois des tenues... Des cheveux... Un maquillage... Assez incroyable.
— Le genre que vous aimeriez porter ? »
Elle met aussitôt ses mains en avant en un geste protecteur et enchaîne d'un seul souffle.
« Non, non, pas du tout. Ce n'est pas mon style. C'est juste que c'est... C'est Psy quoi. Sûre d'elle, faisant ce qu'elle veut sans en en avoir rien à battre de ce que pense les autres. »
Rien que du très classique. Les personnes introverties sont souvent fascinées par la confiance en elle extrême de votre mère.
* [[Si vous voulez briser le mythe en lui racontant une anecdote personnelle qui va dans le sens contraire.->Psy, behaving?!]]
* [[Si au contraire vous en choisissez une qui abonde dans son sens.->That time I met my mother]]
* [[Si vous voulez recentrer la conversation sur elle.->Joss]]
Extrait d'une série de conférences sur ''Le mythe à l'époque moderne''
Si vous sortiez d'ici dans l'instant et demandiez à la première personne que vous croiseriez dans la rue ce qu'est la superstition, il y a de bonne chance qu'elle vous la décrive comme une chose du passé, moyenâgeuse même, évoquant les croyances désuettes de nos ancêtres envers les chats noirs et le chiffre treize.
Pourtant, l'homme de maintenant n'est pas plus rationnel, loin s'en faut, que celui d'il y a un millénaire. Les a priori, l'instinct, prennent toujours aussi vite le pas sur le raisonnement logique. Ils sont simplement recouverts d'une fine couche de connaissance pseudo-scientifique qui leur apporte un cachet de véracité.
[...]
Encore un exemple. Le fameux « regard du diable » de Psy. Au sujet duquel on a dit un nombre d'âneries absolument confondant. Alors qu'il n'y a vraiment rien de magique là-dessous.
Je rappelle les circonstances pour ceux qui ont vécu dans une grotte pendant la dernière décennie. Lors d'une manifestation ayant dégénéré – et je vous prierai de ne pas débattre ici d'à qui la faute, là n'est pas le sujet – Onawa « Psy » Rootless a envoyé à l'hôpital un gros bras de la sécurité.
Toute la scène a été filmée par une tripotée de caméras professionnelles comme amateurs, sous un tas d'angles différents et avec des qualités d'image diverses, et parmi tout ce fatras, une vidéo en particulier a fait le tour du monde.
Elle montre, en succession rapide, un gros plan sur le visage de Psy, un instant de flou alors que le vidéaste peine à suivre le mouvement, suivi d'un autre gros plan, sur le poing de Psy en train de briser - et de se briser - sur le flanc de l'agent.
Des internautes n'ont pas manqué de noter le regard très particulier de Psy juste avant que le coup ne soit porté. Il est particulièrement intimidant bien sûr, par le plissement des yeux ou la dilatation des pupilles, mais c'est surtout son étrange teinte rougeâtre qui a marqué les esprits.
Et à partir de là, la machine était lancée. La toile fut bientôt pleine de gens, déclarant, avec une ironie dissimulant mal leur malaise que, les analyses ayant prouvé que Psy n'étant pas droguée durant ce coup d'éclat, elle était soit naturellement défoncée au mieux, soit possédée par le malin.
Les médias traditionnels et la presse à scandale reprirent bien vite l'histoire, y ajoutant leurs propres interprétations et avis d'experts. Tout le monde se souvient de cette interview surréaliste d'un curé qui n'avait rien demandé à personne sur la pureté de l'âme de Psy.
Bêtises que tout cela. Et ce n'est pas juste mon avis personnel.
Voici par exemple une étude qui démontre que si vous isolez l'image de ce regard du diable, que vous découpez juste la bande des yeux et un peu de contexte, que vous la mélangez à d'autres photos en gros plan de gens qui froncent méchamment les sourcils et qu'enfin vous demandez à des volontaires d'identifier le regard le plus dérangeant... Et bien Psy est juste dans la moyenne.
En fait, elle se fait même battre à plate couture par les personnes victimes d'une conjonctivite. Vérifier sur Google à vos risques et périls.
De même, cette rougeur n'est pas si inhabituelle. Elle se retrouve d'ailleurs chez une fraction faible mais non triviale de la population, et démontre simplement de vaisseaux sanguins plus marqués que la moyenne, particulièrement visibles en cas d'accélération du rythme cardiaque.
C'est une particularité génétique bénigne, présente chez elle comme chez nombre de membres de sa famille et chez des milliers de gens dont vous n'avez jamais entendu parler. Elle est à la rigueur un peu plus apparente ici, car Psy aime à porter un maquillage qui accentue cette légère anomalie.
Alors comment passe-t-on d'un insignifiant détail d'apparence comme celui-là à un fait divers aux accents fantastique ?
Et bien exactement comme pour les superstitions de jadis. Vous prenez d'abord votre graine, une bonne couche d'ignorance, c'est-à-dire ne pas savoir qu'il existe une variété quasiment infinie d'yeux, ou de n'importe quelle partie du corps d'ailleurs, et non les quelques variations auxquelles vous faites attention.
Vous ajoutez à la marmitte un bon terreau, dans le cas présent une personne hors-norme, déjà auréolée d'une poignée d'histoires vraies qui ont défrayé la chronique, et d'une armée de rumeurs invraisemblables.
Et enfin, vous ajoutez une image-choc, un traumatisme visuel, une bonne dose de stress pour que cela reste bien en mémoire. Ici sous sa forme la plus basique, la violence et le sang.
Et voilà. Un mythe moderne.
Ce cas est doublement intéressant, car Psy s'est réappropriée le mythe, utilisant à son avantage le réflexe implanté en nous tous par cette avalanche médiatique : ce regard particulier précède un déchaînement destructif dont sa victime ne sortira pas indemne, aussi grande et costaude soit-elle.
Et à chaque intidimation de ce genre réussie, chaque acte de violence avortée par peur primitive d'un douloureux retour de bâton, la légende s'est enracinée un peu plus profondément.
Oublieuse de toutes les fois où ce coup de bluff s'est mal terminé, car c'est le propre de l'esprit humain de défausser les faits qui contredisent ses opinions.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
Après ces quelques mots, le silence retombe et s'éternise.
Vous attendez.
Puis, enfin, elle ouvre la bouche, et s'en échappe une toute petite voix.
« Je suis graffeuse. »
Le //street art// n'est pas vraiment votre spécialité, mais vous acquiescez.
« Je fais des vanités. »
Vous vous creusez la cervelle.
« Si je me souviens bien, ne s'agit-il pas d'un genre de peintures de la Renaissance ? Des œuvres sinistres avec des crânes ? »
Votre remarque volontairement désinvolte la pique au vif, et pour la première fois de cette conversation, son niveau sonore dépasse le murmure et vous sentez une flamme dans ses paroles.
« //Surtout// populaire à la Renaissance, mais qui a des racines bien plus anciennes et n'a jamais réellement disparu. Quant au crâne, c'est un symbole récurent mais non nécessaire.
L'unique règle est que chaque œuvre doit rappeler l'éphémérité de l'existence humaine, pas qu'elle doit afficher une tête de mort. De même, elles n'ont pas vocation à être //sinistre//. Au contraire, je les vois comme des rappels constant qu'il faut profiter du peu de temps qui nous est alloué pour le vivre pleinement. »
Vous hochez la tête.
« Loin de moi l'idée de juger quelque chose que je ne connais pas. Cette passion est-elle liée au problème qui nous occupe aujourd'hui ? »
Elle hésite. Ne sait pas si elle peut vous faire confiance.
« Je peux être assez... obsessionnelle à propos du graf'. Une fois... J'ai failli m'empoisonner. À cause des vapeurs. Malgré le masque. Alors que je graffais les murs de ma chambre. Problème d'aération. Mes parents étaient fous d'inquiétude. Ils m'ont interdit de retoucher une bombe.
— Et vous leur avez désobéi. »
Ce n'est ni une question, ni un jugement, simplement un constat.
« Oui.
— Vous vous débrouillez comment ?
— J'ai un petit boulot pour me payer les bombes. Ensuite, je graffe où je peux.
— Donc pas uniquement là où c'est autorisé.
— Oui. »
Vous la laissez formuler elle-même son problème.
« Graffer chez moi, ce n'est plus possible, et cela ne l'a jamais vraiment été de toute façon. Mes parents ont juste été tolérants un moment. Et les spots officiels se comptent sur les doigts d'une main. Alors, je fais comme tout le monde. Je graffe dans les coins vides. Mais c'est dangereux. Y'a les flics et ceux qui les appellent. Ainsi tous les types qui n'ont pas plus le droit d'être là que moi, mais plus costauds ou en bande.
— Vous avez déjà eu des problèmes. »
Là aussi, c'est un simple constat. Elle confirme d'un mouvement du menton.
« Je m'en suis tiré avec quelques égratignures, car ils étaient trop bourrés pour courir droit. Mais maintenant, je flippe grave. Que ce soit pire la prochaine fois. »
Elle lève sur vous ce que vous devinez être un regard plein d'espoir derrière le bord de sa capuche.
« Ps... Onawa aussi a eu des problèmes de ce genre. Elle faisait rien de mal, mais elle était dans l'illégalité, et des gens mauvais voulaient la faire souffrir. Je me demandais si... Vous auriez des conseils. »
C'est un résumé un peu idéalisé de la vie de votre mère, qui avait son côté sombre aussi, mais vous comprenez sans problème ce qu'elle veut dire. Les principales raisons pour lesquelles elle était, et est toujours, haïe, et fut recherchée par les forces de l'ordre, sont celles qui ont le moins de sens.
Toutefois, vous ne savez pas trop quoi lui répondre. Ce qui a libéré votre mère d'une partie de ses problèmes, et lui en a créé d'autres, c'est la célébrité. Celle acquise après deux décennies de lutte politique pas vraiment roses.
Si vous lui conseillez :
* [[De se rabibocher avec ses parents.->Trust your parents]]
* [[De rejoindre une association.->United we stand]]
* [[De muscler son jeu.->Kick their asses]]
(set: $human_psy to true)
« Lorsque j'étais toute gamine, ma mère n'avait pas obtenu le droit de me garder et j'avais été placée en famille d'accueil. »
L'histoire est connue. Votre mère avait alors été déclarée folle, totalement inapte à élever un enfant.
« Lorsque les choses ont commencé à s'améliorer pour elle, un compromis bizarre a été trouvé. Je restais en famille d'accueil, mais ma mère biologique avait le droit de me voir une fois par semaine. Mais uniquement si elle se soumettait à des conditions très strictes. »
Et d'énumérer.
« Elle devait avoir "une tenue décente". Ne pas parler politique. Ni de sa vie privée. Et les visites devaient avoir lieu à l'hôpital, sous la surveillance d'un médecin.
Imaginez la scène. J'étais toute petite, et, une fois par semaine, on m'emmenait voir une dame étrange, mal à l'aise dans son beau costume, qui ne savait pas quoi me dire car elle n'avait le droit de ne rien me dire. C'était un enfer pour nous deux, mais elle se l'imposait juste pour avoir le droit de me voir. »
Vous voyez votre interlocutrice se débattre avec l'idée d'une Psy bien propre sur elle et incapable de s'exprimer.
Cette anecdote est réelle, même si vous ne l'avez pas menée jusqu'à sa fin explosive. Elle a aussi l'intérêt, par bien des aspects, de vous renvoyer à votre situation courante. La question est de savoir qui de vous deux est l'idole en devenir et l'autre simplement sa fille.
« À la voir maintenant, on a dû mal à s'imaginer qu'elle a eu les mêmes problèmes que... nous. »
Son dernier pronom est incertain, comme si elle ne savait si elle devait vous englober, voire s'inclure elle-même dans ce cercle.
« Il est bon de rappeler que les héroïnes d'aujourd'hui ont été de simples mortelles autrefois. Car cela nous rappelle aussi que nous pouvons également nous-mêmes devenir des héroïnes. »
La formulation est imparfaite, car traduite depuis une autre langue et féminisée par vos soins, mais votre interlocutrice acquiesce, pensive.
Il est toutefois plus que temps de plonger au cœur du problème.
« Sur ces réflexions philosophiques, [[j'aimerais que vous me parliez de vous plutôt.->Joss]] »
« Ma première vraie discussion avec ma mère a eu lieu à l'hôpital. C'était une visite organisée, au cours de laquelle elle n'était pas censée parler d'un tas de sujets jugés nocifs pour le développement mental de l'enfant fragile que j'étais supposée être. C'est-à-dire à peu près tout ce qui concernait sa vie et son combat.
Elle a joué le jeu. Pendant un certain temps. Puis un beau jour, elle en a eu marre.
Elle s'est soudainement levée en plein milieu de la séance. A détruit l'enregistreur du médecin chargé de la surveiller. L'a jeté dehors. A bloqué la porte avec une chaise.
Et là, alors que nous étions coupées du monde, elle s'est assise par terre, m'a prise sur ses genoux. Et nous avons discuté comme ça, à voix basse, pendant la dizaine de minutes qu'il a fallu aux gardes-chiourmes pour défoncer la porte.
Un échange absolument extraordinaire. Bien que j'étais toute petite, je crois bien que je me souviens encore de tout ce que nous avons raconté alors. »
Vous passez sous silence les mois pénibles qui ont précédé ce coup d'éclat, ou ses conséquences directes, à savoir qu'il a fallu //plusieurs années// après cela pour que vous ayez de nouveau la possibilité de lui parler. Ce n'est pas le sujet.
Votre interlocutrice, elle, est aux anges.
« Elle est tellement… géniale. Si j'avais ne serait-ce qu'un dixième de son courage… »
Vous saisissez la perche au vol.
« [[Justement, j'aimerais que nous parlions de vous.->Joss]] »
(set: $fragile_joss to true)
Vous réfléchissez à haute voix.
« Le point de départ de tous ces ennuis, cela a été cette dispute avec vos parents après votre accident ?
— D'une certaine façon. Mais... J'étouffais déjà avant. Graffer dans sa chambre, ce n'est juste pas possible. Y'a presque pas de place, la surface disponible est minuscule, c'est un calvaire, il faut protéger, le sol, le mobilier, chaque nouvelle œuvre efface l'ancienne... Je voulais déjà travailler à l'extérieur avant qu'ils ne me l'interdisent.
— Je comprends bien, mais pour vous l'autoriser pendant un temps, aussi inconfortable cela soit, c'est que vos parents avaient déjà une certaine tolérance. J'aurais tendance à penser que vous auriez plus à gagner à vous en faire des alliés que des ennemis. »
Elle met un peu de temps avant de vous répondre, avec des trémolos dans la voix.
« Vous ne comprenez pas. Ce sont //des parents//. Toujours tiraillés entre le bonheur de leur progéniture et sa sécurité. Ils avaient peur de l'influence sur moi du graf' et son univers sans oser m'en couper de force de peur de me rendre malheureuse. L'intoxication leur a fourni l'excuse qu'ils cherchaient désespérément.
Je suis sûr que j'arriverai à un compromis si je pleure beaucoup, mais ce ne sera satisfaisant pour personne. Quelques mètres carrés pour faire passer la pilule au mieux. Je... »
Elle se lève d'un bloc.
« Comment pouvez-vous être la fille de la femme la plus géniale du monde et ne rien comprendre à rien ? »
Elle vous crache cette dernière phrase à la figure avant de s'enfuir en claquant la porte.
Un beau raté que voilà. En même temps, vous n'avez pas brillé.
À son âge aussi, vous vous braquiez à chaque fois que quelqu'un évoquait vos parents.
Maintenant aussi de fait. Vous avez juste appris à vous maîtriser.
Malgré cet échec, [[la journée continue.->Break]]
(set: $bibliography to it + (dataset: "n/a"))
(set: $legal_mary to it+1)
« Existe-il des associations dédiées au graf' ?
— Quelques-unes, mais...
— Elles sont dominées par des personnes dans lesquelles vous ne vous reconnaissez pas. »
Elle acquiesce, et vous sentez son soulagement devant votre compréhension rapide du problème.
Il est évident que, même au cœur d'une association, elle resterait marginalisée. Parce que trop différente de la norme, de la faune de ce milieu.
« Créez-en une.
— Quoi ? »
Sa réponse fulgurante et un octave trop haut vous indique qu'elle a parfaitement compris ce que vous venez de dire.
« Vous avez bien entendu. S'il n'existe aucun groupe véritablement capable de défendre vos intérêts, alors il faut le créer vous-même.
— Mais, mais, je ne peux pas être un groupe à moi tout seul. »
Vous détestez avoir recours à des arguments d'autorité, mais vous savez qu'ils rassurent ceux et celles qui viennent ici. Un peu comme si vous étiez la porte-parole officielle de Psy, la sauveuse des opprimés.
« Plus d'une fois au cours d'interviews, on a accusé ma mère d'être responsable de la multiplication des hors-cases. Après tout, il n'y en avait pas avant elle, et depuis les changements légaux et sociétaux qu'elle a enclenchés, ils s'en déclarent de nouveaux chaque jour.
À cela, ma mère répondait toujours que ces gens avaient toujours été là. Que l'on refusait simplement de les voir. Que pire, eux-mêmes se laissaient dépérir, se mentaient à eux-mêmes. Qu'il ne s'écoulait pas une semaine sans qu'elle ne reçoive une lettre de remerciements de quelqu'un expliquant qu'il se sentait vivant pour la première fois depuis des années maintenant qu'il avait rejoint le mouvement.
Vous avez un public. Vous n'êtes pas la seule dans votre communauté minoritaire à vouloir couvrir les murs. Simplement, elles n'osent pas le dire. Ne le savent peut-être même pas encore. »
Même si elle se contente d'acquiescer timidement, vous la sentez réconfortée. Que votre discours était exactement celui qu'elle s'attendait à entendre, car reprenant celui de son idole.
Elle patiente sagement une poignée de secondes, puis se lève en affichant une grimace étrange, mi-heureuse mi-effrayée.
(display: "Joss' exit")
(set: $rebel_joss to true)
« Je pourrais vous donner des tas de conseils d'adulte responsable. Mais si vous êtes venue ici, c'est pour savoir ce que ma mère aurait fait à votre place, pas ce qu'une personne réaliste et modérée aurait fait. Ou plutôt n'aurait pas fait. »
Vous vous penchez sur le bureau pour l'observer de plus près.
« Lâchez-vous. Si des abrutis vous empêchent de graffer dans des endroits dont personne ne se soucie, déplacez votre art là où il sera visible aux yeux de tous. Le risque sera le même, voire moindre, et au moins des gens dignes de ce nom profiteront de votre art. Dessinez là où vous le voulez, pas là où vous pouvez. »
Elle se recroqueville sur elle-même.
« Je... Je... Non ! Je ne doute pas un instant que Psy aurait peinturluré la cathédrale à ma place, mais ce n'est pas mon genre ! Je ne veux pas déranger les gens.
— Chacune a le droit d'exister. Même si son existence doit en déranger certains. »
Vous venez de paraphraser, sans même le vouloir, un des discours de votre mère.
Votre interlocutrice s'apprête à répondre, s'arrête, hésite, puis retombe dans un profond silence. Après plusieurs minutes, elle se lève, murmurant quelque chose d'inaudible en regardant ses pieds.
(display: "Joss' exit")
Le planning d'aujourd'hui est, comme à l'ordinaire, troué de partout. Vous n'avez pas assez de visiteurs prévus pour remplir une journée du matin au soir, et devez de toute façon conserver certaines plages libres pour tous ceux qui viennent ici sans prendre rendez-vous à l'avance, sur une urgence, un coup de tête, une poussée d'adrénaline.
Habituée à ce rythme, vous profitez d'une de ces pauses pour travailler à un article, en laissant la porte grande ouverte pour bien indiquer que vous êtes disponible.
Avant de vous mettre à écrire, vous commencez par compulser vos notes.
Si vous étiez dans une série télévisée, les résultats de vos recherches préalables prendraient la forme d'encarts de journaux punaisés au mur et reliés entre eux par des grands traits de feutre et des ficelles.
Mais vous n'êtes pas un personnage de fiction dépourvu de tout bon sens. Aussi vos sources, numériques ou numérisées, se trouvent-elles sur le disque dur de votre ordinateur, proprement rangées dans des dossiers convenablement nommés.
Articles, de journaux ordinaires ou scientifiques, récupérés en ligne ou scannés, extraits de thèses et de livres, reportages filmés, émissions de radio et podcasts, enregistrements de conférences, comptes-rendu d'entretiens que vous avez-vous même réalisés... La liste est longue, et aussi organisée soyez-vous, vous vous perdez souvent dans toute cette documentation.
Aussi vous autorisez-vous à fonctionner en partie à l'instinct, relisant une pièce donnée qui n'a pas de rapport évident avec votre sujet simplement parce qu'elle vous est revenue en mémoire dans les circonstances de votre journée.
[[Tant à étudier, analyser, critiquer.->Bibliography]]
« Je dois réfléchir.
— Bien sûr. N'hésitez pas à revenir. Ma porte est toujours ouverte. »
Elle secoue un peu la tête, se glisse jusqu'à cette fameuse porte, tourne la poignée, la tire, puis soudain, se retourne vers vous, et murmure son mot de la fin à elle.
(if: $names)[« Je me suis trompé tout à l'heure. Vous ressemblez énormément à votre mère. »
Sa voix est chargée d'énormément de respect, ce qui vous met légèrement mal à l'aise.](else:)[« Merci. »
Deux syllabes que vous sentez sincères.]
Elle s'est déjà enfuie au pas de course avant que vous n'ayez eu le temps d'ajouter ne serait-ce qu'une politesse en réponse.
Après son départ, [[vous vous replongez dans votre autre travail.->Break]]
Ne crois en rien.
Tu penses savoir des choses. Parce que tu étais là, que tu les as vues de tes propres yeux, entendues avec tes propres oreilles, ressenties avec tous tes sens.
Mais rappelle-toi que les schizophrénes hallucinatoires aussi sont persuadé(e)s que ce qu'ils/elles perçoivent est réel. D'ailleurs, techniquement, cela ne l'est pas moins. Le signal est en tout point identique à celui qui pourrait provenir d'un organe sensoriel, active la même zone du cerveau de la même façon. Pour la personne affectée, il n'y a strictement aucune différence entre une voix qu'elle seule entend et une que « tou(te)s » perçoivent.
Même en admettant que tu ne souffres d'aucun trouble de ce genre, ce qui avec ton potentiel génétique serait étonnant, les souvenirs sont de petites choses fragiles et peu fiables. Le cerveau a une fâcheuse tendance à les mélanger, les réécrire, voire les inventer totalement.
Considère donc tous ces documents, cette note comprise, comme des accroches avec la réalité. Celle que tu partages avec un maximum de gens en tout cas. Mais ne leur fais pas trop confiance non plus, suivant la même logique.
Évidemment, si tu es belle et bien folle à lier, tout ceci ne servira à rien. Mais tout laisser tomber en se basant sur des peut-être n'a jamais aidé personne. Toi la première.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
(set: $bibliography to it + (dataset: "n/a"))
Vous vous présentez dans les règles.
« Je suis Hope-Mary Rootless-Johnson. Je tiens ce cabinet de conseil pour les personnes hors-cases et leurs proches. Il est gratuit, en libre accès, approuvé et financé par la mairie, mais je n'ai de comptes à rendre à personne sur la méthodologie que j’emploie. »
Vous agitez la main en direction de l'armoire métallique.
« J'ai tout un tas de diplômes dans le placard là-bas, mais ne suis ici ni en tant que sociologue ni en tant que psychiatre, ni aucun autre métier d'autorité. Je ne prescris pas de médicaments, je ne produis pas de rapports, je n'enregistre rien, tout ce qui est dit ici est et restera confidentiel. Je suis simplement là pour discuter avec celles et ceux qui en sentent le besoin et leur apporter toute l'aide dont je suis capable. »
Malgré la longueur de votre tirade, vous sentez que votre interlocutrice s'est arrêtée aux premiers mots.
« Hope est le prénom que m'avait donné ma mère biologique. Mary celui que m'a attribué ma mère adoptive. Et oui, je suis la fille d'Onawa Rootless, celle que les médias surnomment Psy. »
Elle hoche la tête devant votre explication, puis se sent obligée de se présenter à son tour.
[[« Je m'appelle Joss. »->Joss]]
Lire, réfléchir, croire ou ne pas croire.
(display: "Books")
(if: $accountant)[ [[Le temps passe.->Me]] ](else-if: $groupie)[ (if: $violence)[ [[Le temps passe.->Here he calls]] ](else:)[ [[Le temps passe.->Accountant]] ]](else-if: $bully)[ [[Le temps passe.->Groupie]] ](else:)[ [[Le temps passe.->Bully]] ]
(save-game: "Main")
Archives des discussions sur Wikipédia au sujet de la page : ''Hors-case (mouvement)''
''Mouvement ?''
''Tinunn'' : Le terme mouvement a une connotation politique. Peut-être faudrait-il mieux utiliser celui de « catégorie sociale ».
''Lanktar'' : De même, le mot me semble mal adapté, mais celui de « catégorie » n'est pas non plus sans ses propres problèmes. De même que « phénomène de société ».
''Garden'' : Un simple ''(personne)'' ne pourait-il pas faire l'affaire ? Plus neutre, opére une distinction claire avec l'emploi du terme pour désigner des concepts abstraits ou des objets.
''Iconographie : Disproportion d'une certaine vision du mouvement ?''
''Elyth'' : Les photographies choisies pour illustrer l'article représentent exclusivement des personnes fortement maquillées ou masquées vêtues de couleurs vives. Or celles-ci ne représentent qu'une portion finalement assez faible des personnes se définissant comme hors-cases, même si ce style était majoritaire aux prémices du mouvement (popularisé notamment par ''Psy'', ''Rainbow'', ''John Smith''...), avec son développement, il est devenu minoritaire.
''GLspirit'' : Et tu voudrais mettre quoi à la place ? Des photos de gens habillés normalement ?
''Elyth'' : Précisément.
''Article hors-sujet ?''
''Faity'' : Plutôt que d'apporter une définition claire du mot, l'article fait l'historique du mouvement qui l'a porté, se perd dans des digressions pédantes, voire du hors-sujet, comme un long passage sur « les précurseurs ». Ce qui fait qu'on peut le lire de la première à la dernière ligne et toujours ne pas savoir ce que signifie « hors-case » !
''Muffin'' : +1. Je pense qu'il faudrait déplacer toute la partie histoire dans un article dédié (''Histoire du mouvement hors-case '' ?), et ne garder ici que la, ou plutôt les définitions du terme, avec les controverses que chacune a générées. Un plan thématique serait d'ailleurs plus adapté qu'un plan chronologique.
''Faux hors-cases ?''
''Max'' : Certaines célébrités citées en exemple n'entretiennent que des relations très lointaines, voire inexistantes avec le mouvement.
''DoWhatYouWant'' : Toutes ces personnes sont suffisamment connues pour avoir leur propre article et se définissent elles-mêmes comme hors-cases, elles ont donc droit de cité ici.
''Max'' : Désolé, mais non. Il est évident que pour plusieurs d'entre elles, il s'agit juste d'une façon de se faire mousser en se rattachant à un phénomène médiatique. Elles ne sont pas hors-cases, ne ressemblent pas des hors-cases, ne pensent pas en hors-cases.
''DoWhatYouWant'' : Non pertinent. Wikipédia n'est pas là pour juger d'une quelconque légitimité, juste rapporter des faits.
''Trop complexe ?''
''Vilehard'' : Je comprends pas pourquoi il faut un article de plusieurs dizaines de milliers de mots pour une définition qui tient en une phrase : « personne ne se reconnaissant dans aucune des options habituelles d'une ou plusieurs catégories sociales donnée(s) ». Au pire, on rajoute une ligne pour préciser que le terme vient des cases à cocher des formulaires administratifs, et c'est bon.
''Elyth'' : Parce que rien n'est jamais simple. Au jour d'aujourd'hui, « hors-case » est utilisé comme étiquette par de nombreuses personnes pour des raisons diverses. Mais dans l'inconscient collectif, il reste rattaché au droit de porter des masques bariolés dans la vie de tous les jours. Et pour comprendre pourquoi, il faut d'abord comprendre l'histoire qui a façonné ce vocabulaire.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
(set: $bully to true)
Vous n'avez même pas besoin de relever la tête pour deviner les ennuis. Le son de la démarche de l'homme est suffisant, résonnant d'une violence mal contenue, d'une pulsion destructrice. Vous préparant à tout mais surtout au pire, vous daignez enfin regarder le nouvel entrant.
Crâne rasé. Costaud. Marcel et baggy militaire. Amène un sac de sport. Vous détaille de la tête aux pieds. Parle, enfin.
« Ma jolie, dis à ta patronne que quelqu'un voudrait la voir.
— C'est moi la patronne ici. »
L'étonnement se lit sur son visage, comme chez presque chaque personne qui rentre en ces lieux pour la première fois.
« C'est toi la fille de Psy ? Mais tu parais tellement //normale//. »
L'insulte sous-jacente ne vaut même pas la peine d'être relevée.
« Je suis effectivement Hope-Mary Rootless-Johnson. Si vous voulez bien vous donner la peine de prendre une chaise et de m'expliquer votre problème, je verrai ce que je suis en mesure de faire pour vous aider.
— C'est toi qui va avoir besoin d'aide ma jolie. »
Il ouvre son sac. Révélant une batte de baseball.
Typique.
* [[Si vous ne vous laissez pas démonter et commencez l'entretien comme si de rien n'était.->Let's discuss this]]
* [[Si vous appelez les secours.->Phone]]
* [[Si vous lui défoncez la gueule.->Violence]]
(set: $violence to true)
Vous vous dirigez tranquillement vers l'armoire, l'ouvrez, en sortez de la bande médicale et du désinfectant et entreprenez de soigner convenablement vos phalanges amochées. Vous avez machinalement frappé avec votre main directrice, vous devez donc manier le matériel de l'autre, ce qui est peu pratique. D'autant que les râles et les injures en rafale de votre dernier visiteur qui n'en finit pas de se traîner hors d'ici sur un genou vous empêchent de vous concentrer.
Lorsqu'il réussit enfin à atteindre la sortie, vous devez lui lancer son sac qu'il avait oublié. Il le reçoit dans la hanche et manque de retomber sous l'impact, se rattrape au battant, lâche un nouveau chapelet de grossièretés, puis s'empresse de ramasser ses affaires et de déguerpir du mieux qu'il peut.
(if: $phone)[Après cette interruption, [[vous reprenez votre travail.->Cops & me]]](else: )[Après cette interruption, [[vous reprenez votre travail.->Bibliography]]]
(set: $phone to true)
Vous glissez discrètement la main vers votre téléphone et en quelques tapes rapides, envoyez un SMS déjà préparé à l'avance à votre contact dans la police. Votre invité indésiré semble n'avoir rien remarqué.
Bon. Dans le meilleur des cas, le message ne sera suivi d'effets que dans une dizaine de minutes. Reste à les gagner d'une façon ou d'une autre.
Votre portable a bien entendu aussi la possibilité d'enregistrer ce qui va se passer ensuite, au moins les sons, mais la manipulation nécessaire pour lancer cette fonctionnalité est un peu plus complexe et risque de vous faire repérer.
* [[Si vous voulez prendre ce risque.]]
* [[Si vous la jouez prudente.->Let's discuss this]]
« Je serais intéressée par le raisonnement qui vous a mené à mon bureau ainsi équipé. »
Il hausse les épaules et fait rouler ses muscles.
« Je donne juste un coup de main dans l'élimination des déchets de ce monde. »
Vous lui lancez un regard sceptique.
« Votre choix des armes ne me paraît pas correspondre à l'explication que vous venez de me donner. Si vous vouliez juste me voir raide, un simple couteau aurait été bien plus efficace. »
Il abat soudainement sa batte sur votre bureau, où elle claque avec vacarme et laisse une sale trace.
« Peut-être bien, mais ce serait beaucoup moins rigolo. »
Vous ne battez même pas des paupières face à sa minable tentative d'intimidation.
* [[Si vous trouvez que la plaisanterie a assez duré.->Violence]]
* [[Si vous continuez à le faire parler.]]
Vous essayez de lancer l'application sans vous faire remarquer.
Vous auriez réussi si un de ses concepteurs n'avait pas eu la bonne idée d'inclure un bip bien audible au début de l'enregistrement.
Dès qu'il comprend que vous manipulez votre téléphone, l'homme cesse ses manœuvres d'intimidation et se jette sur vous arme en avant.
[[Vous décidez alors de vous aussi laisser tomber la subtilité.->Violence]]
« Vous ne seriez qu'un simple sadique prenant son pied en s'attaquant aux personnes vulnérables car appartenant à des groupes minoritaires et déconsidérés ? »
Votre discours, volontairement ampoulé, l'amuse. Il y répond en entamant un lent tour de la table, effectuant de grands moulinets avec son arme à chaque pas.
« Un sadique moi ? Pas le moins du monde. Je suis un libérateur. Je délivre ce pays des parasites qui l'empoisonnent. Comme ceux qui utilisent l'argent des honnêtes travailleurs pour passer leurs journées à rien faire et à expliquer à d'autres cloportes comment ils peuvent profiter du système au détriment des véritables citoyens. »
Discours formaté, débité d'une traite, sans aucune conviction derrière. Prétexte pur.
« Je ne suis pas votre première cible n'est-ce pas ?
— Bien que sûr que non. Avec les gars, on s'est fait la main sur quelques petites traînées avant toi. »
(if: $phone)[ [[Et il commence à vous raconter, d'une voix sirupeuse, toutes les atrocités qu'il a commises.->Cops & rogue]] ](else:)[ [[Et ils commencent à vous raconter, d'une voix sirupeuse, toutes les atrocités qu'il a commises.->Eyes]] ]
(set: $legal_mary to it+2)
Quelqu'un frappe à la porte, mettant fin aux interminables et sinistres vantardises de l'individu.
Aussitôt, il brandit agressivement sa batte, la pointant dans votre direction. Tandis qu'il affiche ce qu'il doit penser être un visage qui fait peur, ses doigts dessinent une charade, d'abord un index dressé en travers des lèves, puis un va-et-vient sur son cou.
Enfin, il se lève, et entrouvre la porte, juste assez pour montrer sa tête. Une personne inconnue se met alors à lui parler depuis l'autre côté.
« Bonjour. On nous a appelés pour une agression.
— Pas ici en tout cas.
— Si, c'est bien ici. »
Malgré sa minable tentative d'intimidation, vous ne manquez pas de faire entendre votre propre voix. L'homme se retourne et vous foudroie du regard tandis que vous continuez.
« L'individu ici-présent me retient dans mon propre bureau contre ma volonté, sous la menace d'une arme. »
Le silence répond tout d'abord à votre description calme et factuelle, puis l'invisible troisième protagoniste reprend la parole.
« Monsieur, je vais devoir vous demander de nous laisser entrer. »
En première réponse à cette quémande, il glisse son arme dans son sac, puis seulement après relâche la pression, permettant à la porte de s'ouvrir en grand.
Deux policiers se tiennent là, perplexes, pas stressés pour un sou. Ils pénètrent dans la pièce et exigent des explications. Après une première cacophonie où vous essayez tous de parler en même temps, ils imposent le silence, puis que vous donniez vos versions l'un après l'autre, « en commençant par monsieur ».
Votre agresseur s'embrouille entre plusieurs versions, prétendant d'abord être un simple visiteur tout en refusant d'être associé à « ces dégénérés », puis raconte qu'il est votre petit ami, ou plutôt que vous êtes son coup du moment.
Il justifie la présence de la batte car « il allait faire du sport » (le sac ne contient ni vêtements adaptés ni balles). Le mobilier endommagé « était déjà dans cet état quand il est arrivé ».
Quant à vous, vous ne racontez que la plus pure vérité.
Une fois vos deux discours arrivés à leurs termes, les agents de la paix demandent à l'homme de partir « pour éviter des complications supplémentaires ». Il s'exécute avec une lenteur délibérée et en vous exposant son plus horrible sourire narquois, sans que les forces de l'ordre ne paraissent affectées outre mesure.
Dès qu'il est hors de vue, l'un des policiers vous déclare que vous devez passer au commissariat pour le dépôt officiel de la plainte.
Puis ils vous abandonnent sans plus de cérémonie, se lavant consciencieusement les mains de ce qui pourrait vous arriver en leur absence, l'autre type ne devant pas être de plus de quelques centaines de mètres, et encore, seulement s'il s'en est vraiment allé d'un pas vif sans se retourner.
Heureusement, il ne reviendra pas. Du moins pas aujourd'hui.
Alors, faute de mieux, [[vous reprenez le travail.->Bibliography]]
(set: $bibliography to it + (dataset: "devil's eye"))
(set: $eyes to true)
Le temps passe et votre colère ne cesse de grandir devant le ramassis d'infamies dont cette ordure se vante. Qu'elles soient réelles, imaginaires, ou réelles mais exagérées, elles n'en alimentent pas moins votre rage.
« Et tes potes, ils sont où aujourd'hui ? »
Votre soudaine prise de parole au milieu de son monologue le surprend, mais il se reprend dans l'instant.
« Ils devaient être là, mais ils ont flippé. Ils ont peur de ta mère ces cons. Comme si c'était une putain de démone qui allait surgir pour te protéger.
— Quand on appelle le diable, on en voit le bout de la queue. »
Il lance une réplique vulgaire reprenant votre dernier mot et se met à ricaner, puis s'arrête net quand son regard croise le vôtre.
Vous avez eu une fois une conversation bizarre avec Ikebana. Toutes vos conversations avec Ikebana sont bizarres certes, mais celle-là vous est restée en mémoire.
Vous parliez des personnes que vous trouviez les plus flippantes. Vous l'avez élue elle à la troisième place de votre classement personnel, et Onawa à la seconde. Elle était, pour une fois, relativement d'accord avec vous, à un détail près. Selon elle, il fallait décaler presque toute la liste vers le bas, car vous aviez oublié quelqu'un de réellement terrifiant en seconde place.
Les démones accouchent rarement d'anges après tout.
L'imbécile ne se dandine plus, soudain muet, sa prise sur sa batte plus lâche. Probablement qu'il se rappelle à qui il a affaire.
« Tu dégages. Maintenant. »
Il n'obéit pas, pas plus qu'il n'ose reprendre son petit jeu, ses yeux toujours rivés sur les vôtres. Ses mains se sont resserrées sur son arme, mais dans un geste craintif, un peu comme s'il étreignait un doudou.
« C'te regard de sorcière. T'as bien le sang corrompu de ta mère, ça s'est sûr. »
Son malaise est évident, et vous n'avez guère envie de le soulager.
« Pour la plupart des gens, venir en ce lieu demande un courage que vous ne pouvez même pas imaginer. Cela nécessite de vaincre pas mal de préjugés, d'accepter de porter une étiquette considérée comme honteuse. Le plus dur est déjà fait quand ils parviennent à franchir la porte.
Et de l'autre côté de la balance, il y a vous.
Un concentré de lâcheté. Chacune de vos actions exprime la peur la plus primaire.
Vous vous cherchez des excuses pour vos pulsions violentes. Vous choisissez la façon de les consommer avec le moins de risques de retour de flamme, vous attaquant à des personnes vulnérables, vous restreignant dans vos actions pour rester dans les cases qui se finiront au pire avec un dépôt de plainte sans suite.
Et maintenant, vous êtes en train de redécouvrir qu'il y a des gens qui sont dénués de cet instinct de préservation élémentaire. Qui peuvent agir sur un coup de tête sans la moindre considération pour leur future condition physique ou sociétale. Qui eux n'hésiteront pas un instant à vous réduire en bouillie si vous les poussez à bout. »
Son visage est un livre ouvert. Il se remémore l'incident des Fleurs Écarlates. Quelle genre de folle frapperait si fort à mains nues un colosse faisant plusieurs fois son poids qu'elle s'en briserait les os ? Et lui transpercerait ainsi un poumon avec une de ses propres côtes, l'envoyant directement à l'hôpital entre la vie et la mort ?
Il recule. Dans un mouvement qui se veut discret, imperceptible mais qui crève les yeux. Terrifié.
« Vous êtes toutes tarées dans cette famille. »
Un ultime cri plaintif, particulièrement ridicule. Vous décidez de ne pas lui accorder plus longtemps une attention qu'il ne mérite pas et replongez dans votre travail.
Quand vous relevez la tête un peu plus tard, il a disparu.
Un problème de réglé. [[Vous n'avez pas que cela à faire.->Bibliography]]
La cavalerie arrive une dizaine de minutes après qu'on n'est plus besoin d'elle, sous la forme de deux agents en service dans le coin.
Vous leur décrivez sommairement ce qui vient de se passer ainsi que votre agresseur, montrez les éventuels dommages subis par votre mobilier et vous-même.
L'un des deux plantons prend quelques notes, avant de vous déclarer que vous devez passer au commissariat pour la plainte officielle, froid, mais tout de même professionnel.
L'autre en revanche est une véritable mitraillette à remarques désobligeantes, déplacées et mensongères, sur vous, votre physique, votre sexualité, vos parents, Bull... Même son collègue finit par lui intimer de se taire au bout d'un moment. Son soutien s'arrête cependant là.
Cet échange terminé, ils s'en vont, vous laissant seule dans votre bureau amoché. Le plus gentil vous conseille, sans sembler se rendre compte de l'ironie de sa phrase, « de faire plus attention à vous ».
Comme si vous aviez le pouvoir d'empêcher ce genre de type de venir jusqu'à vous en prenant quelques précautions simples comme de vous laver les mains ou de faire un jogging tous les matins.
Mais au moins [[pouvez-vous reprendre le travail.->Bibliography]]
(set: $groupie to true)
Nouvelle visite, encore une fois impromptue.
Cette fois, il s'agit d'une jeune femme portant chemisier et pantalon bleu pastel, rose blanche à la boutonnière et bracelet brun sombre en céramique au poignet.
Le « style ikebana » est facilement identifiable, même s'il est ici dans sa variante la moins extrême, la plus passe-partout. En-dehors de cela, l'heure et des traces de fatigue laissent suggérer qu'elle est venue ici juste après son travail.
Elle regarde autour d'elle avec une curiosité manifeste, teintée d'un soupçon de déception, puis s'installe dans la chaise prévue à cet effet. Et, n'y tenant plus, explose la seconde d'après.
« Vous êtes vraiment la fille de Psy ? »
Pour ce qui pourrait être la millième fois aujourd'hui, vous confirmez que vous êtes bel et bien la fille d'//Onawa Rootless//.
« ET d'Ikebana ? »
Celle-là, elle est un peu moins courante. Déjà, parce que les gens ne font pas toujours le lien, et ensuite car Ikebana est une personnalité très controversée. Même si les vêtements de votre interrogatrice laissent à penser qu'elle ne fait pas partie de ses détractrices les plus virulentes.
C'est aussi une question face à laquelle vous avez toujours envie de botter en touche. Autant avec Onawa vous n'avez aucune hésitation, car, sans même évoquer le fait qu'elle vous a mis au monde, elle n'a eu de cesse de remuer ciel et terre pour être à vos côtés dès votre plus tendre enfance malgré des circonstances extrêmement hostiles, autant Ikebana a toujours été un cas à part. Votre relation reste encore aujourd'hui compliquée, dans les deux sens.
« Effectivement.
— Et avec une hérédité pareille, vous vous habillez aussi tristement ? »
...
[[Si vous voulez juste ignorer cette remarque.->Just go on]]
[[Si vous prenez le temps d'y répondre.]]
« Si nous en venions aux raisons de votre visite ? »
Elle croise les jambes, paraissant soudain très ennuyée.
« Oh, //ça//. »
Et pour la première fois de cette conversation, elle semble avoir besoin de quelques secondes avant de s'exprimer. Vous en comptez au moins trois avant qu'elle ne retrouve son second souffle et son énergique débit.
« En fait, je suis venue par simple curiosité. Je n'ai entendu parler de cette permanence que tout récemment, via un discret article sur les réseaux sociaux et j'étais intriguée de voir un nom aussi illustre y figurer. Par la suite, je n'ai pas pu résister à l'idée de venir voir de moi-même ce qu'il en était. »
Elle penche la tête, un coup à droite, un coup à gauche, vous détaillant du regard en affichant une expression intriguée très exagérée.
« Donc... Pourquoi Hope, conseillère de l'extrême, quand vous auriez pu être n'importe quoi d'autre avec vos antécédents ? »
Elle commence vraiment à vous fatiguer.
* [[Si vous lui rappelez que vous n'êtes pas là pour distraire les badauds.->Just go, please]]
* [[Si vous répondez patiemment à ses questions.->Why am I doing this?]]
« Nos choix cosmétiques et vestimentaires ne sont jamais anodins. Ils sont révélateurs de notre niveau de richesse, de notre position sociale, de certains aspects de notre personnalité. Ma mère... »
Singulier involontaire et assez symptomatique dont vous ne sauriez dire si votre interlocutrice l'a remarqué.
« ... se bat, entre autres, pour que ces choix nous reviennent à nous en temps qu'individus, et nous ne soient plus imposés par l'environnement. Notamment dans le cadre du travail, mais pas que. Ses tenues hors-normes sont avant tout un acte militant.
— Oui, je sais tout cela. Le maquillage funéraire avait particulièrement fait scandale à l'époque. Mais cela soutient l'idée que vous devriez vous habiller de façon moins //normale//. »
Vous vous retenez de soupirer.
« Je poursuis un autre combat, complémentaire. Le droit d'appartenir à une communauté, de s'y reconnaître, sans avoir à en adopter tous les codes. Aussi bien à l'intérieur de celle-ci qu'à l'extérieur. »
Elle comprend où vous voulez en venir.
« Vous êtes en train de me faire la morale, c'est cela ? De me dire que je ne devrais pas vous juger à la saturation des couleurs que vous portez ? »
Un sourire torve s'affiche ensuite sur son visage.
« Intéressant. Suivant le même raisonnement, qu'est-ce que ma tenue vous apprend sur moi ? »
Vous avez bien une réponse à cette question, mais vous sentez qu'elle ne va pas lui plaire.
* [[Si vous la lancez quand même.->Flower]]
* [[Si vous revenez à la conversation que vous //devriez// avoir.->Just go on]]
(set: $bibliography to it + (dataset: "ikebana"))
(set: $flower to true)
« Un fort sentiment de confusion. Vous voulez prouver quelque chose au monde, mais vous ne savez pas quoi. »
Vous enchaînez avant qu'elle ne puisse en placer une.
« Vous avez adopté une variante du style d'Ikebana, basés sur l'harmonie entre les fleurs et les couleurs. Je ne doute pas que vous connaissez les racines de ce style, que vous savez qu'Ikebana l'a imaginé pour porter sur elle ses convictions en s'inspirant de l'art ornemental dont elle a également emprunté le nom. Sa propre variante, infiniment plus complexe et raffinée, du T-shirt avec une phrase-choc dessus, où l'union des accessoires et des teintes transmet un message à la place des mots. »
Elle croise les bras devant sa poitrine en affichant une petite moue.
« //Comme vous le dites//, je sais tout cela. De même que je ne suis pas une simple greluche qui met une fleur dans ses cheveux pour faire rebelle. J'ai choisi cette combinaison pour qu'elle soit cohérente et transmette un message.
— La combinaison est effectivement cohérente avec elle-même. Mais pas avec le reste. »
Elle penche la tête sur le côté, son agressivité remplacée par de l'intérêt.
« Votre façon de vous exprimer, de vous présenter, d'être, jure avec la phrase-choc que vous vous êtes choisie. Je n'ai pas tout retenu de ce que m'a expliqué ma mère sur cet art... »
Même si vous avez beaucoup apprécié les efforts qu'elle a faits à cette occasion, Ikebana reste une enseignante absolument nullissime.
« ... Mais la thématique commune de vos parures est le respect, la dévotion, l'amour tamisé. Une main prudemment tendue vers l'autre. Ce qui ne colle absolument pas avec votre attitude rentre-dedans. »
Votre analyse semble l'amuser.
« Touché. J'appréhendais beaucoup cette rencontre, et j'ai choisi les coloris les plus amicaux possibles pour détendre l'atmosphère. Quitte à oublier qu'ils ne collent pas à mon sale caractère. »
Elle cligne outrancièrement de l'œil.
« La prochaine fois, j'amènerai un brin de houx plutôt. »
[[Vous ne battez pas un cil face à cette répartie.->Just go on]]
« Écoutez, cette permanence est réservée aux personnes hors-cases ou affiliées qui ont besoin d'une oreille attentive. D'après votre discours, vous ne semblez pas appartenir à cette catégorie. À moins que vous ne me détrompiez, je vais devoir vous demander de partir. »
La jeune femme se crispe instantanément, brusquement silencieuse et immobile.
(if: $flower)[Elle reste ainsi figée, impénétrable sans avoir l'air de vouloir sans aller. Cela pourrait être parce qu'elle n'a rien à opposer à vos arguments, mais vous percevez une gêne qui laisse suggérer qu'il y a plus que cela.
[[Vous tentez de vous rappeler de ce qu'elle vous a dit tout à l'heure.->Relationships]]](else:)[Après un inconfortable moment, elle finit par essayer quelques autres sujets de conversation, espérant hameçonner une nouvelle histoire de votre part. Vous ne lui donnez pas satisfaction, elle se refuse à lâcher quoi que ce soit sur elle-même, et la discussion tourne vite court.
Elle finit par expirer un soupir théâtral.
« Vous n'êtes vraiment pas drôle. »
Vous acquiescez de la pointe du menton, bien droite. Elle remballe alors ses affaires et s'en va, non sans quelques ultimes expressions d'insatisfaction exagérées.
Bon, [[vous n'avez pas que cela à faire.->Bibliography]]]
(set: $bibliography to it + (dataset: "freedom city"))
(set: $why_this to true)
C'est une question qui vous est beaucoup posée, et sur laquelle vous avez beaucoup réfléchi, aussi les mots vous viennent-ils aisément.
« Être la fille d'Onawa, cela ne laisse pas tant de portes ouvertes que cela. Difficile de se dire qu'on va complètement tourner le dos aux idéaux de ses parents et partir élever des chèvres à la campagne.
À partir de là, trouver ma voie n'a pas été si facile. Je ne voulais pas faire comme ma mère, parce qu'elle fait déjà cela très bien et n'a besoin de mon aide sur ce créneau.
Je me suis alors lancé dans des études, beaucoup d'études sur des sujets que j'estimais liés, tout en faisant de l'associatif à côté, sans toutefois jamais me réussir à me fixer. J'avais l'impression d'être utile, mais sentais que je n'exploitais pas totalement les avantages que la nature et une hérédité rebelle m'avait donnés, que je pouvais faire mieux. »
La jeune femme a un petit sourire en coin. Vous le comprenez parfaitement. Il y a une forme d'orgueil déplacé dans cette remarque. Elle résume cependant bien vos pensées d'alors, pas vraiment teintées d'humilité.
« C'est une erreur de Bull qui m'a mis sur la piste. Il cherchait à joindre ma mère pour un coup de main sur une affaire.
— Bull ? »
Et elle éclate de rire.
« Ah oui, //lui//. D'accord. Ça lui va bien.
— Bref, je l'ai aidé moi-même à la place, ne serait-ce que parce que je voulais le voir en vrai une fois, pour savoir si les histoires étaient exagérées. J'ai appris qu'elles étaient en-dessous de la vérité. Et aussi que des opportunités de ce genre me permettaient d'accéder à une frange de la population qu'il n'est pas possible d'approcher normalement. »
Comprenant à qui vous faites référence, elle laisse échapper un sifflement... Enthousiaste ? Admiratif ? Ironique ?
« Vous êtes //vraiment// la fille de vos parents. »
Vous ne relevez pas.
« Bref, pour pouvoir travailler régulièrement sur des affaires de ce genre, le moyen le plus simple était d'être reconnue par l'administration comme une spécialiste de ce domaine, ce qui n'était pas la partie difficile, et d'avoir le statut légal d'employé de la fonction publique.
De fil en aiguille, il s'est avéré que le poste que j'occupe actuellement répondait à de tels critères tout en respectant mes convictions. »
La dernière partie de votre réponse lui est complètement passé au-dessus de la tête, et elle murmure à haute et intelligible voix.
« Qu'est-ce que vous pouvez me dire de ce qui se passe là-bas ? On raconte tout et son contraire sur ce sujet, mais vous, vous devez connaître un tas d'anecdotes véridiques... et croustillantes. »
[[De pire en pire. Il est temps de recadrer la conversation.->Just go, please]]
(set: $empathy to true)
Qu'est-ce que c'était déjà ? Une référence voilée en //hanakotoba// du genre qui aurait fait se dessiner un embryon de sourire du coin des lèvres sur le visage d'Ikebana.
Il vous faut le temps, mais vous finissez par la déchiffrer.
« Problèmes relationnels ? »
Elle acquiesce, rougissant comme une écolière prise en faute. Vous la rassurez.
« Tout ce que vous pourrez me dire restera entre nous. Et quoi que vous me racontiez, je ne suis pas là pour vous juger, simplement pour vous écouter. »
Elle finit par se confesser, perdant au passage un peu de la morgue à laquelle elle vous avait habitué.
« J'ai une attirance marquée envers les personnes hors-cases. Mais ces histoires-là se finissent toujours vite et mal avec moi. C'est... Disons qu'avant, j'ai toujours l'impression que cela va être extraordinaire et au réveil, je me rends compte que c'était juste normal. »
Ah. Attraction fétichiste. Un classique. Pas la peine d'en faire tout un foin.
« Oui, les gens ont une fâcheuse tendance à être des gens et non des fantasmes incarnés. »
Vous vous carrez dans votre chaise.
« Je n'ai pas de recette miracle pour cela, mais cela fait effectivement partie des sujets dont on peut parler ici. »
Sitôt votre feu vert donné, elle se lance dans une interminable série d'anecdotes plutôt crues. Cela dure une bonne heure, avant qu'elle ne doive s'enfuir pour une autre obligation. Vous n'avez pas fait grand chose d'autre qu'écouter, mais avoir déballé une partie de son sac semble lui avoir fait du bien, ce qui est l'essentiel.
La journée, elle, [[continue->Bibliography]].
Extrait d'une série d'articles publiés dans la presse généraliste à l'occasion du dixième anniversaire de la loi « Chaos dehors ».
//Freedom Price//. //Le prix de la liberté//.
C'est ainsi que ses résidents appellent ce qui fut Winterfield. Un nom qui s'oppose autant au vocable déshumanisé de l'administration et des discours officiels, qui préfèrent parler de « zone d'exception » qu'à l'insultant //Insane City// de ses détracteurs les plus enragés, tout en achevant d'enterrer son surnom d'origine, //Freedom City//.
Ces quatre appelations composent un bon résumé de l'histoire de cette cité-état. Projet utopique tout d'abord, devenu un enfer juridique et administratif ensuite^^1^^, diabolisé par l'opposition politique jusqu'à cet improbable résultat : une ville entière (et sa banlieue, qu'on oublie souvent) coupée de son pays d'origine, transformée en une véritable nation étrangère, avec ses lois propres, son économie distincte (bien que très dépendante des importations agricoles et énergétiques), et surtout, sa frontière fermée, bétonnée, barbelée.
Ceux qui sont restés, se sont laissés emprisonner dans cette minuscule coquille, par idéologie ou par absence de possibilité autre^^2^^, ont dès le départ désiré une identité plus adéquate, une dont ils pourraient être fiers plutôt qu'une marque d'infamie.
D'où //Freedom Price//. La liberté, même payée au prix le plus fort.
Un nom important, riche en sens. Mais aussi un nom qui, même en cette ère de haute technologie, a eu bien du mal à parvenir jusqu'à nous et n'a toujours pas réussi à s'imposer dans les usages de ce côté-ci du mur. La reconnaissance officielle de ce nouveau nom « à l'étranger » (de leur point de vue, c'est-à-dire chez nous) est d'ailleurs toujours un sujet brûlant.
Car pour notre gouvernement, accepter ce nom signifierait assumer le fait que //Freedom Price// est bel et bien devenue un pays à part entière, et non un simple bizarrerie du cadastre, et, de fil en aiguille, à le traiter en égal plutôt qu'en vassal.
1. À dessein ou non. Voir à ce sujet l'article //Liberté sans limite, une loi conçue pour se saborder elle-même//.
2. Voir l'article //Le choix, un luxe auxquels les plus pauvres n'ont pas eu droit//.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
Retranscription écrite de la dernière partie d'une émission télévisée de milieu d'après-midi (accompagné du fichier vidéo original, en mauvaise qualité).
Présentatrice : Passons maintenant à la page « Tendances ». Notre invitée du jour est Konohama-//sensei//, spécialiste mondiale en ikebana, qui a accepté de venir nous apporter ses lumières sur cette nouvelle tendance de la mode : « le style ikebana ». Madame Konohama, bonjour.
Invitée : Bonjour Marie-Louise. Mais je me dois de vous décevoir, je ne connais en rien ce fameux « style ikebana ».
P : Votre modestie vous honore, mais je n'en crois rien. Vous avez suivi les cours des meilleures écoles, reçu les honneurs des plus grands experts...
I : Je dispose d'un petit bagage dans l'art de l'arrangement floral suivant des règles strictes. Mais ce « style ikebana » m'est totalement étranger, et je n'ai accepté votre invitation que pour démonter une bonne fois pour toutes la relation entre un art millénaire et ce bricolage récent qui a repris son nom.
P : Que de violence dans vos propos.
I : La colère des justes. L'ikebana est un art noble, fortement codifié, nécessitant des années de travail et d'apprentissage. C'est également un art subtil et minimaliste. Rien à voir avec ce déferlement outrancier qui s'affiche partout maintenant.
P : Tout de même, les principes généraux se ressemblent.
I : Non, non et encore non ! Oui, ce style vestimentaire reprend les symboliques de l'//hanakotoba//, le « langage des fleurs » si vous préférez, ainsi que celles de certaines couleurs, de certains matériaux. Mais le résultat final n'a rien à voir. Avec les mêmes briques, on peut aussi bien faire une maison qu'un pont ou un puits.
P : Vous ne semblez pas beaucoup aimer cette tendance.
I : C'est plus compliqué que cela. Je n'aime pas son nom et l'artificielle filiation qu'il sous-entend. Toutefois, en tant qu'artiste moi-même, j'apprécie cette forme créative même si elle diffère de la mienne propre. Je lui reconnais d'ailleurs une certaine valeur esthètique et empathique.
P : Empathique ?
I : Toute oeuvre d'art cherche à transmettre un message. Ce style a cependant la particularité d'être extrêmement direct dans son approche. Ce qui n'est pas sans poser problème, car il utilise un vocabulaire volontairement subtil et ambigu, prévu pour s'équilibrer par fines touches. C'est comme essayer de composer une phrase en anglais en utilisant le même nombre de mots qu'en japonais, alors que le premier est un langage où tout et presque doit être explicite tandis que le second est fortement elliptique et contextuel. Le résultat est un ensemble de phrases tronquées, aux multiples interprétations possibles, auxquelles seul le contact entre deux humains donne sens.
P : Je ne vous suis plus.
I : Si vous préférez, ce style est un sabir, utilisant un ensemble de mots simples mais pas forcément adaptés, et comptant sur les mimiques, la gestuelle, la bonne volonté de tous les personnes impliquées dans la conversation. Grossier, mais fonctionnel et dôté d'un certain charme naïf.
P : Votre analyse est intéressante, mais semble se heurter au fait que la fondratrice de ce courant est précisément l'antithèse de la sociabilité.
I : Au contraire. Être une personne avec des difficultés à communiquer par la parole n'empêche pas de vouloir communiquer avec les autres. Même s'il faut pour cela tout d'abord créer son propre canal d'échanges, faute d'un déjà existant.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
(set: $accountant to true)
« Salut Hope. »
La voix est familière, et pour cause. C'est celle d'un habitué, qui vient vous voir toutes les semaines, ne serait-ce que pour vous dire bonjour.
Grand, maigrichon, il porte chemise, cravate et bonnes chaussures selon les normes explicites du quartier des affaires. L'étrangeté ne commence qu'au-dessus du cou, sous la forme d'un masque en bois qui lui couvre tout le visage, laissant juste échapper une cascade de cheveux bouclés.
Épuré, stylisé, n'usant que des quelques teintes de couleurs, comme tous les autres que vous l'avez vus arborer auparavant, même si le modèle exact change de temps à autre. Vous savez qu'il les sculpte et les peint lui-même, toutefois vous ignorez les détails du processus ou ses sources d'inspiration. Ce n'est pas un des sujets dont il a besoin de parler.
« Quoi de neuf John ?
— Nouvelle mission. »
Autrement dit nouvelles personnes.
« Ça se passe ?
— Pas terrible. J'ai été envoyé par le juge pour réaliser un audit externe d'une grosse boîte soupçonnée de malversations. De base, je suis l'ennemi, l'espion dans la place, celui dans le café duquel on crache. »
Il tapote son masque.
« Évidemment, ça y va en réflexions désagréables à ce sujet. Mais, vu ma position, ils auraient trouvé un quelconque prétexte pour m'insulter de toute manière.
— Combien de temps ?
— J'y suis pour au moins un mois, plus si je déterre des trucs qui puent, ce qui est fort probable. »
Vous hochez la tête.
« Quoi que ce soit que je puisse faire pour t'aider ?
— Pas vraiment. C'est le métier qui veut ça, ce n'est pas de ton ressort. Si ça part en vrille, ce sera plutôt de l'affaire de mon syndicat, voire du juge chargé d'instruire l'affaire.
— Bien, bien. »
Un silence inconfortable s'installe.
La première fois que vous avez vu John, il croulait sous les problèmes et les séances étaient longues et compliquées. Mais voilà quelques mois que sa vie s'est arrangée, et que vous n'avez plus grand chose à vous dire. Vos discussions sont devenues de pénibles échanges de banalité, d'anecdotes superficielles.
* (if: $violence)[ [[Si vous voulez continuer à parler de tout et rien.->What are you hiding?]] ](else:)[ [[Si vous voulez continuer à parler de tout et rien.->Nothing to say]] ]
* [[Si vous lui expliquez qu'il n'a plus besoin de venir aussi souvent.]]
* [[Si vous mettez fin à la conversation sans briser le statu quo.->Next time]]
(set: $bibliography to it + (dataset: "bull"))
Votre téléphone sonne. Celui de service. Qu'à peu près une seule personne utilise.
« Salut Bull.
— J'te dirais bien d'arrêter de m'appeler comme cela, comme j'l'ai dit à ta mère des centaines de fois, mais la semaine a été trop longue pour ce sketch.
— Tu m'appelles pas pour faire la causette je présume.
— Jake Jackson, ça te dit quelque chose ?
— Jamais entendu parler de ce type. La répétition des syllabes fait un peu penser à un personnage de Stan Lee.
— Il a déposé plainte aujourd'hui. Contre toi. Il dit que tu l'as aguiché alors qu'il ne demandait rien à personne, que tu l'as attiré dans ton antre, puis que tu l'as sauvagement attaqué.
— C'est un skinhead ?
— Ouaips.
— J'en ai démoli un ce matin. Il voulait me refaire le portrait et j'étais pas d'accord. Le reste, c'est des conneries.
— C'est probablement le même type oui. Et avec ta subtilité habituelle, ce sont pas les empreintes ou l'ADN qui vont manquer pour prouver qu'en tout cas il y a eu violence physique de ta part. Pour le reste, ce sera ta version contre la sienne.
— Comme d'habitude quoi.
— Hope, ma petite (vous détestez tellement qu'il vous appelle comme cela, et le fait qu'il soit plus vieux que vos parents n'est pas une excuse), je sais bien que le réfléchir avant d'agir n'est pas traditionnel dans votre famille, mais va falloir à un moment arrêter les bêtises. S'il a les tripes d'aller jusqu'au procès, t'es pas sûre de le gagner. Y'a des juges dans cette ville qui sont prêts à gober n'importe quoi juste pour le plaisir de te mettre au trou.
— Ajoute ça à la pile des affaires en cours Bull. »
Le torrent de jurons que soulève votre réponse démontre que votre contact dispose d'une certaine imagination dans des domaines bien spécifiques.
« Je sais même pas pourquoi je me décarcasse pour des abruties pareilles. Sinon, je te rappelle que tu es en mission avec nous demain.
— T'inquiète, je suis inconsciente, pas désorganisée. On se retrouve devant le café comme convenu.
— Plus, idiote.
— Plus, gros. »
Malgré votre désinvolture affichée, cette affaire vous contrarie, ne serait-ce par qu'elle va dévorer du temps que vous pourriez consacrer à des choses plus utiles.
Toutefois, ne pouvant rien y faire dans l'immédiat, vous ravalez votre frustration et [[vous remettez au travail.->Accountant]]
Copie d'un rapport dactylographié annoté au stylo puis scanné, intégralement retappé par vos soins, commentaires compris, pour faciliter les relectures et la recherche d'informations précises.
**Rapport confidentiel, à l'usage exclusif du ministère de la Justice**
Introduction : Résumé synthètique de la carrière de James Alexander au sein des forces de l'ordre.
James Alexander est entré dans la police peu après sa majorité, en obtenant des résultats médiocres mais suffisants au concours. Son examinateur d'alors notera d'ailleurs : « Peu motivé par le métier, mais suffisamment capable physiquement et mentalement pour faire ce qu'on lui dira de faire ».
Résumé désabusé, et pourtant encore trop optimiste. Alexander se révélera un fainéant cupide, ne ratant pas une occasion d'en faire le moins possible, et pouvant devenir sourd et aveugle en échange du moindre billet.
De tout ceci, il ne reste cependant que des preuves indirectes, les dossiers concernant cette période de sa vie ayant été détruits, parmi tant d'autres, lors du scandale du Raingate, où les responsables de l'époque, pris de panique, effacèrent tout ce qui pouvait les associer de près ou de loin à une quelconque malversation avec un zèle trop enthousiaste.
Une fois le calme revenu, il fut tout de même muté à la surveillance des condamnés sous bracelet électronique. Projet approuvé entièrement par sa hiérarchie de l'époque, sans exception. Envoyer un élément perturbateur dans un poste plus en retrait, plus administratif, d'où il ne pourrait supposément plus faire de vagues en cette période où la police avait plus que jamais besoin de redorer son image semblait la meilleure idée qui soit.
C'était sous-estimer le pouvoir de nuisance de James Alexander. Et d'une des délinquantes par malheur sous sa responsabilité, à savoir **Psy**.
Si, avec le recul, il peut paraître étrange qu'une personne aussi dangereuse ait été confiée à un agent aussi peu fiable, il faut remettre les choses dans leur contexte. Les grands bouleversements politiques et géographiques des deux dernières décennies n'en étaient alors qu'à leurs prémices, et Psy une simple hurluberlue totalement méconnue.
Dans un premier temps, M. Alexander se contenta, contre rémunération, de permettre à Psy d'être là où la loi ne l'autorisait pas. Lorsque la situation devint plus complexe, à la mise en place de la zone d'exception, puis des restrictions autour, leur coopération changea de forme, la position dans la police d'Alexander, et sa connaissance personnelle de ses membres les moins regardants, faisant de lui le passeur idéal pour franchir discrétement le mur dans un sens ou dans l'autre.
Simples magouilles sans importance. Jusqu'à ce qu'ils nous la mettent bien profond dans l'affaire des meurtres rituels.
Psy résolut, peut-être pas toute seule mais en tout cas sans aide officielle, l'enquête et neutralisa la bande. Alexander procéda quant à lui aux arrestations. Tout cela sous le regard des journalistes des deux côtés de la barrière. Et, pour justifier les méthodes peu orthodoxes employées et les innombrables traversées illégales de la frontière, Alexander déclara qu'il était à la tête d'une unité spéciale justement dédiée aux problèmes frontaliers avec des permissions exceptionnelles.
Pour reprendre l'expression favorite du bonhomme, qu'il appreuve devant chaque micro : //Bullshit//. Invention totale, bluff culotté à un point qui dépasse l'entendement.
En temps normal, il aurait été simplement désavoué. Toutefois ce n'était pas une période normale. Les tensions politiques avec l'autre côté étaient très fortes, tout particulièrement autour de cette enquête où notre police était accusée de laisser-faire, Psy était devenue une personnalité remarquée et à laquelle il était devenu difficile de s'opposer...
Et peu à peu le mensonge devint vérité. M. Alexander réussit même réellement à prendre le contrôle de ladite section, devenue une sorte d'entité neutre employant des gens des deux côtés, via une série de manigances qui seront détaillées plus loin dans ce rapport.
Encore aujourd'hui, il sort souvent de la zone grise. Toutefois, il prend bien garde de contrebalancer ces errements avec des initatives populaires, notamment dans son travail avec la famille Psy et d'autres personnalités dotées d'une certaine aura auprès du public.
Cela lui donne assez de poids médiatique et d'alliés pour conserver sa position privilégiée de maître des clés d'un des derniers points de passage entre eux et nous.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
La conversation commençant à durer, et, John vous connaissant bien, il remarque votre petit manège pour lui cacher votre main.
« Mais... Tu es blessée ? »
Vous l'arrêtez aussitôt avant qu'il ne s'emballe.
« Tout va bien John.
— Tout ne va pas bien. C'est une blessure fraîche. Et... »
Ses yeux parcourent rapidement la salle à la recherche d'autres indices et ne tarde pas à en trouver. Aussi rapidement avez-vous expédié l'affaire qu'elle a tout de même laissé des traces : une chaise abîmée depuis peu, une fine traînée de sang mal essuyée sur le sol...
Après son petit tour du propriétaire, le regard de John se fixe finalement sur vous. Empli d'effroi.
« Hope, que s'est-il passé bon dieu ? »
* [[Si vous lui racontez toute l'histoire.->You deserve to know]]
* [[Si vous coupez court à ses interrogations.->You don't need to know]]
En cherchant un peu, on trouve toujours des sujets de discussion.
La séance tourne bientôt à la partie de thé, sans les gâteaux, alors que chacun raconte ses petites histoires sans importance.
Au bout d'une demi-heure, John vous souhaite une bonne journée et s'en va. Vous êtes vous-même plutôt de bonne humeur, cette routine ayant quelque chose d'apaisant.
[[Et à la routine vous retournez.->Bibliography]]
{
(set: $fragile_john to false)
(set: $rebel_john to true)
}
Vous lui racontez tout.
Il vous arrive souvent des crasses de ce genre, mais c'est la première auquel il est mêlé d'aussi près.
Parce que vous vous êtes relâchée. Auparavant, vous ne l'auriez jamais laissé percevoir une telle faiblesse. Le confort de l'habitude vous a endormi.
Mais maintenant, il est en train d'additionner deux et deux.
« Ce n'est pas la première fois qu'un truc comme cela t'arrive n'est-ce pas ?
— Non.
— Et tu n'as pas peur qu'un jour quelqu'un de trop costaud, trop bien armé, ou accompagné d'autres gros bras, débarque ici et que cette fois tu ne puisses rien faire ?
— John. Ce risque existe pour nous tous. Pour moi, pour toi, pour des tas d'autres personnes plus vulnérables. Je ne vais pas me terrer sous un rocher pour autant. »
Votre réponse ne le satisfait pas, mais il l'accepte.
« Pour tes ennuis avec la justice, je vais voir ce que je peux faire. J'ai un pied dans ce domaine après tout.
— John, ne te grille pas les ailes pour moi. »
Vous vous levez brusquement tandis que lui reste assis. Vous n'êtes pas plus grande que lui, loin s'en faut, mais dans cette position, vous le dominez clairement.
« Je suis tout à faire sérieuse John. J'ai la situation en main. Ne fais pas de bêtise.
— Hope, je t'adore. Mais parfois, il faut laisser les gens faire leurs propres bêtises. »
Vous avez une envie folle de lui arracher son masque. Vous savez que si vous le faites il passera dans l'instant au statut de bébé effrayé qui n'osera plus vous contredire.
Et que si vous vous laissez aller à des instincts pareils, vous ne vaudrez pas plus que l'ordure que vous avez éclatée ce matin.
Alors vous vous asseyez, et demandez à John de vous expliquer son plan, comme si vous étiez soudainement devenue une adulte raisonnable.
Ce qu'il raconte n'est pas idiot, et quand il s'en va une heure plus tard vous en avez appris beaucoup sur les couloirs de la justice dans cette ville.
[[Vous rouvrez votre ordinateur pour noter tout cela.->Bibliography]]
« Rien qui ne vaille la peine que tu t'en occupes.
— Mais, Hope...
— John. Je sais me défendre. Ne t'inquiète pas pour moi. Occupe-toi de toi plutôt.
— Non. »
Ce dernier mot a été prononcé d'un ton résolu peu habituel chez lui.
« Hope... Tu dois te rappeler que tu n'es pas une super-héroïne. Ce n'est pas parce que tu disposes d'une force morale hors-norme, ou que ta mère est une légende, que tu dois te débrouiller toute seule pour tout. Tu essayes tout le temps de nous aider pour nos problèmes. Laisse-nous t'aider sur les tiens pour une fois. »
Vous prenez une belle gifle mentale en pleine figure. John lui a croisé les bras, dans une attitude de défi un peu ridicule, laissant clairement entendre qu'il ne bougera pas avant d'avoir entendu le fond de l'affaire.
Quelque peu estomaquée, vous lâchez le morceau.
(display: "You deserve to know")
« John, je crois qu'il n'est plus nécessaire que nous nous voyons une fois par semaine. »
Il se raidit aussitôt.
« Ta situation s'est grandement améliorée, et tu n'as pour ainsi dire plus besoin de moi. Sauf urgence, une visite par mois devrait faire l'affaire maintenant. »
Il n'est évidemment pas possible de lire directement sur son visage, mais vous le connaissez bien et les mouvements du reste de son corps sont éloquents : Il est en panique.
John a souffert de crises d'angoisse extrêmement violentes pendant des années. Elles s'étaient calmées ces derniers temps, entre autres grâce à vous, mais son état actuel vous fait fortement craindre une rechute.
[[Si voulez tout de suite le rassurer.->Please calm down]]
[[Si vous lui laissez le temps de s'exprimer.->I knew this day would come]]
« Bien sûr, ma porte te restera toujours ouverte. C'est juste que je ne pense pas que tu aies encore besoin de venir systématiquement toutes les semaines. »
Vos explications deviennent bien vite redondantes, paraphasant les mêmes concepts, une mélopée apaisante. John se contente d'acquiescer régulièrement à vos paroles, sans rien y ajouter.
Quand vous finissez, c'est à peine s'il se fend d'un : « Tu as raison. Comme toujours. »
Puis il remballe ses affaires et se lève.
« À dans un mois donc Hope. »
Vous hésitez car il vous semble particulièrement peu sûr sur ses jambes.
« À dans un mois. N'hésite à m'appeler s'il y a un problème. »
Il hoche la tête et s'en va d'un pas chancelant, laissant la porte ouverte derrière lui dans son trouble. Vous vous levez pour la refermer et l'apercevez disparaître au coin du couloir, toujours faiblement assuré.
Vous hésitez à lui courir après.
[[Au final, vous retournez simplement vous assoir.->Bibliography]]
(set: $fragile_john to false)
(set: $john_acceptance to true)
« Oui, j'en suis arrivé à la même conclusion. »
Sa voix est hachée, et prononcer ces mots lui a clairement demandé de grands efforts de volonté. Toutefois, cela semble l'avoir libéré et il enchaîne malgré les trémolos.
« Tu sais, je crois bien que je te remercierai jamais assez. Il y a six mois, j'étais complément brisé et maintenant... ça va. Ma vie n'est pas parfaite, mais c'est une vie. Pas juste une survie désespérée où je me lève chaque matin uniquement par contrainte et où je retourne au lit le soir terrifié par ce qui m'attend le lendemain. »
Il lève légèrement une main, puis la rétracte aussitôt, en un geste avorté que vous ne sauriez interpréter.
« Tu fais du bon boulot Hope. N'en doute jamais. Tu n'es pas une super-héroïne, tu peux pas réussir à tous les coups, tu ne peux tout changer toi-même toute seule. Mais pour beaucoup de gens, tu fais la différence. »
Il fait une pause, cherche un peu ses mots.
« J'ai eu une chance énorme de te rencontrer. Et c'est pour cela que je comprends parfaitement qu'il est temps que je te lâche un peu, pour que d'autres puissent avoir cette chance aussi. »
Il se lève dans la foulée de cette dernière phrase.
« À je sais pas quand, Hope. Dans quelques mois probablement, juste pour dire que tout va bien. »
Vous l'examinez attentivement. Bonne ou mauvaise, il a pris sa décision, et vous hochez la tête.
« À la prochaine John. »
Et il s'en va d'un pas un peu gauche. Vous l'accompagnez jusqu'à la porte, où il vous fait un ultime au revoir de la fin, avant de retourner à sa vie.
Vous refermez derrière lui, et [[retournez à la vôtre.->Bibliography]]
La journée touche à sa fin. Il vous reste cependant une dernière visiteuse à recevoir.
Vous vous levez, allez verrouiller la porte puis revenez vous placer devant la table, debout.
« T'es quand même une belle tarée.
— Tout dépend du sens que l'on attache à ce terme.
— Tu te rappelles à qui tu parles là ?
— Un simple exercice d'introspection.
— Belle démonstration. Tu n'es pas folle car tu considères que tu n'es pas folle. C'est exactement ce que racontait maman, et c'est pour cela que tout le monde s'est mis à l'appeler Psy.
— "Plusieurs spécialistes affirment m'avoir diagnostiqué, à peu de choses près, la moitié des maladies mentales qui portent un nom. Je me suis diagnostiquée comme tout à fait saine d'esprit. Pourquoi ma parole vaudrait moins que la leur ?"
— Un vrai sujet de philosophie. Mais nous ne sommes pas là pour citer maman et parler sur du vent n'est-ce pas ? Ce qui nous intéresse, ce sont les actes. Tes actes.»
(if: $legal_mary >= 2)[ [[ « C'est intéressant. »->Composed]] ](else-if: $violence)[ [[« Commençons par le problème le plus urgent. »->Blood]] ](else:)[(display: "Discussion start")]
« Qu'est-ce qui t'as pris de lui parler comme une gamine ?
- Je ne lui ai pas parlé comme une gamine.
- Tu lui as dit d'aller pleurer dans les jupes de sa mère. Sous-entendu qu'elle ne s'en sortirait sans l'aide d'adultes responsables, ce qui la mettait //de facto// dans la catégorie des enfants.
- Pas du tout. J'ai juste estimé que ce dont elle avait besoin en priorité, c'était d'alliés dans son entourage.
- Et à sa place, toi, tu aurais été voir maman ?
Vous n'avez aucun doute sur la réponse. C'est bien sûr « non ».
(if: $fragile_john)[ [[« Peut-être que j'ai pas été top effectivement. »->Double fear]] ](else:)[ [[Mais vous n'allez pas lui donner le plaisir de l'articuler.->Meh]] ]
« Ça va pas la tête ? Tu te rends compte de ce que tu as raconté à cette gamine ? Autant la jeter toi-même dans la fosse aux lions, ce sera plus simple.
- Des conseils raisonnables, elle en a déjà entendu partout ailleurs. Si elle s'est déplacée ici, c'est justement pour sortir de cette confortable prison.
- Elle est venue chercher une solution alternative, pas une solution //suicidaire//. »
(if: $john_acceptance and $empathy and $human_psy)[« En plus, à côté du cela, tu te le joues gentille avec les autres. Ce qui n'a aucun sens. Les petites frêles, tu les bouscules, les grands, tu les dorlottes ? »
Cette réflexion vous interroge.
(display: "Humanity")\
](else:)[\
(if: $rebel_john)[« Tu la sous-estimes. Les gens ne sont pas toujours aussi fragiles qu'ils le laissent paraître. Surtout si d'autres croient en eux. Regarde John.
— John a deux fois son âge, et trois têtes de plus qu'elle.
— Certes. Mais six mois auparavant, il avait peur de tout et de tous, vivait enfermé chez lui dans la terreur. Les silhouettes chétives d'hier peuvent devenir les géants de demain. »
(if: $empathy)[
Votre double est sceptique.
« John a beaucoup évolué car il est amoureux de toi. Ce qui en fait à mon avis une belle bombe à retardement.
- Encore une fois, tu spécules. Aie donc un peu confiance en les autres.
- Commence déjà par te faire confiance à toi-même avant de me sortir des platitudes comme cela. »
]
]
Un soupir.
« Tu sais le pire ? Ce n'est pas l'idée elle-même qui me dérange. C'est que tu l'as présentée, non sans raison, comme ce qu'aurait dit Onawa à ta place. Toujours à jouer les doublures pour [[maman->Mama]]. »
]
« Cesse de parler de maman veux-tu ?
- Difficile de faire autrement quand tout ici tourne autour d'elle. De base, tu es incapable de dire bonjour à quelqu'un sans faire un discours sur maman au passage.
- Parce que les personnes qui entrent ici sont déjà en train de m'interroger à son sujet avant même de m'avoir salué.
- Tu pourrais botter en touche. Leur dire que cela ne les concerne pas, ou juste répondre laconiquement et passer à la suite.
- Un dialogue constructif est affaire de confiance. Pour que quelqu'un accepte de me parler de lui-même sans tabou, il faut que moi aussi je sois prête à révéler des choses sur moi-même.
- Sauf qu'au lieu de leur parler de toi, tu leur parles de maman. »
(if: $eyes)[Votre inquistrice interlocutrice enchaîne aussitôt :
« Tu lui as même piqué son regard qui tue.
- Tu ne vas quand même pas me reprocher d'avoir les yeux de ma mère !
- Tu sais très bien ce que je veux dire. Tu te bases sur //son// mythe pour filer la frousse aux gens, en reprenant ses mimiques, en en appelant explicitement à sa légende. Franchement, tu penses que ces balourds réagiraient comme cela si c'était une inconnue qui les regardait ainsi de travers, et non la fille de la démoniaque Onawa ? »
]\
(if: $why_this)[ [[ Il vous faut un peu de temps pour composer votre réponse.->Legacy character ]] ](else:)[(display: "Discussion end")]
Vous avez l'impression de passer votre vie à justifier ce que vous êtes devenue, devant tout le monde, y compris vous-même. À force, votre réponse est rodée.
« Je savais qu'en choisissant cette carrière, je ne pourrais pas éviter la comparaison constante, incessante, insupportable, avec maman, ou plutôt une version idéalisée d'elle, que la plupart des gens s'acharneraient à établir tous les parallèles possibles entre elle et moi, jusqu'à aller dans les détails les plus infimes. Quoi de plus facile quand je travaille dans le même but qu'elle, que je partage la plupart de ses idéaux, que je lui ressemble bien évidemment un peu physiquement et que j'ai même quelques-uns de ses tics... Également, je respire et je mange, tout comme elle !
Je le savais. Mais j'ai quand même décidé d'emprunter cette voie. Parce que c'est ce que je voulais faire. Je voulais contribuer à la cause, apporter ma pierre à l'édifice, en dépit des quolibets de ceux qui m'accuseraient de n'être qu'une copie ratée de maman. Et quand bien même le serais-je, quelle importance ? Il n'est nul besoin d'être systématiquement la meilleure pour faire le bien. En revanche, refuser d'agir par peur de ne pas être au niveau n'a jamais mené à rien.
Là-dessus arrive l'ultime question. Ai-je le droit d'utiliser l'aura que me donne mon nom de famille ? Cet avantage inné que n'ont pas tous mes collègues ?
Et bien si ça m'aide à faire du meilleur boulot, c'est-à-dire à mieux aider les gens, cent fois oui. Et je pense que ça aide. Que ça aide énormément de voir que la fille de Psy est une personne comme tout le monde, que Psy elle-même est une humaine qui s'appelle Onawa.
Ce nom, c'est une arme que j'ai reçu en héritage. Et je ne vais pas la laisser rouiller inutilement sous prétexte que d'autres n'ont pas cette chance. »
Vous soufflez bruyamment après ce coup de sang. La voix, maintenant un peu rauque, s'élève toutefois à nouveau.
« Ça va ? Calmée ? »
Vous acquiescez vaguement.
(if: $eyes and $rebel_joss)[ [[« Parce que ce n'est pas fini. »->Like mother, like daughter]] ](else:)[(display: "Discussion end")]
« C'est pareil pour John ? Tu ne crois pas qu'il serait plus que temps de le laisser voler de ses propres ailes ?
- John est une personnalité fragile, avec un passif compliqué. Le brusquer présente encore trop de risques pour le moment.
— Cette fragilité, c'est toi qui la supposes. Voire lui imposes. Crois-tu donc que [[maman->Mama]] se serait montrée aussi mijaurée ? »
« Tu sais ce que je pense ?
- Oui, mais j'ai quand même envie de l'entendre.
- Au fond de toi, tu voudrais être comme maman. Ou plutôt, tu voudrais être une hors-case clinquante comme elle, le genre dérangeante, chaotique, dangereuse, la flamme de la folie dans ton regard renforcée par trois couches de fond de teint. Mais tu te l'interdis car c'est un aspect du mouvement que tout le monde connaît, que tout le monde attend, et tu veux justement en donner le contrepoint pour rappeler que ce n'est pas la seule voie possible pour les exclus. »
C'est votre propre voix, et pourtant il vous semble entendre le sifflement du serpent.
« Et c'est là que cela devient particulièrement vicieux. Tu encourages ceux qui viennent te voir à se libérer, tandis que tu n'es toi-même que pulsions réfrénées. Et d'ailleurs, les encourages-tu vraiment à devenir eux-mêmes, ou projettes-tu sur eux tes propres désirs ?
- Tais-toi.
- Refuser le dialogue n'est pas la solution. Si tu sens le besoin de donner une voix à tes conflits, ce n'est sans doute pas pour rien.
- TAIS-TOI ! »
Vous vous forcez à vous taire. Ce n'est pas du tout une partie de vous-même que vous avez envie d'entendre. Car vous savez que, dans tous les cas, prendre cette pente vous ferait perdre votre place, et la possibilité d'aider une frange de la population à laquelle une personne //explicitement// hors-case n'aurait pas accès.
Il faut parfois savoir avaler des couleuvres, encaisser sans riposter en prévision de la suite. Même maman n'y a pas échappé.
Avant de rouvrir la porte pour prendre votre départ, vous vous examinez dans la glace. Comme vous vous en doutiez, ce coup de sang a raffermi l'étrange couleur de votre œil. Avec quelques traits de maquillage, vous auriez un parfait regard du diable.
Mais l'heure n'est pas aux démons. Aussi vous rasseyez-vous dans la pièce fermée pour attendre que votre iris retrouve une apparence plus //normale//.
(set: $endings's psy to true)
(css: "font-size: 2em; font-style: italic")[Fin 2 : Telle mère, telle fille]
[[Bilan->End]]
{
(if: (saved-games:) contains "Main")[
(load-game:"Main")
](else:)[
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(set: $endings to (datamap: "psy", false, "change", false, "empathy", false, "normal", false, "blood", false))
(display: "Artist")
]
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(set: $bibliography to $permanent_bibliography)
}
Vous avez atteint l'une des 5 fins possibles de l'aventure. À vous de décider si ce résultat vous satisfait, ou si vous souhaitez [[recommencer->Artist]] pour expérimenter les autres alternatives.
**Fins débloquées**
0. (if: $endings's normal)[Une journée ordinaire](else:)[???]
0. (if: $endings's psy)[Telle mère, telle fille](else:)[???]
0. (if: $endings's change)[Un futur incertain](else:)[???]
0. (if: $endings's empathy)[Confiance](else:)[???]
0. (if: $endings's blood)[Sans limite](else:)[???]
**Documents débloqués**
(display: "Books")
(save-game: "Main")
« Je ne vais pas plaindre cette ordure. Cependant, je suis toujours autant flippée par la facilité avec laquelle tu recours à la violence. Ainsi que le plaisir malsain à peine dissimulé que tu y prends.
- Je n'ai jamais été chercher l'affrontement physique.
- Non. Mais quand il vient à toi, tu ne fais pas grand chose pour l'éviter ou le minimiser. Car quelque chose en toi désire frapper, cogner, éclater, briser. Et je ne pense même pas que ce soit par attirance pour la douleur, infligée ou reçue. Ce qui tu aimes là-dedans, c'est la simplicité de la solution. »
Une profonde respiration et la voix continue.
« Pas de longues discussions qui n'aboutissent sur rien, pas de négociations avec des services tiers peu coopératifs, pas d'obligation de montrer patte blanche, de se justifier constamment. Rien qui ne soit long, pénible, et à l'issue incertaine. Voilà enfin une solution qui règle les problèmes en quelques minutes à peine. Et en plus la poussée d'adrénaline rend ça grisant...
- ... Tant qu'on gagne et jusqu'à ce qu'on retombe de son nuage dans les conséquences de nos actes.
- Voilà. Tu le sais aussi bien que moi. Et pourtant, tu cèdes bien souvent à la tentation de la facilité. D'autant plus si cela te permet d'esquiver tes autres problèmes. »
(display: "Discussion start")
(if: $fragile_joss)[ [[« Allons-y dans l'ordre, veux-tu ? »->Joss - Clash]] ](else-if: $rebel_joss)[ [[« Allons-y dans l'ordre, veux-tu ? »->Joss - Frenzy]] ](else:)[ [[« Et je ne sais pas trop par quoi commencer. »->Meh]] ]
« Je t'ai trouvé particulièrement mesurée dans tes réponses. Tout est relatif bien sûr, surtout quand on sait ce dont tu es capable, mais c'était presque //terne// aujourd'hui.
- Je n'y crois pas. D'habitude, tu m'en veux toujours pour mes actions un peu extrêmes ou mes coups de sang, et là, tu me reproches d'avoir marché dans les clous ?
- Je suis là pour donner la parole à tes doutes, et tu viens d'en réveiller un des plus redoutables.
- Celui de plonger dans la folie la plus complète et de ne jamais en ressortir ?
- Celui-là n'est même pas dans le top 5. Non, je pense de perdre la capacité à comprendre tes patients.
- N'emploie pas ce mot. Je le déteste. Ils et elles ne sont pas malades.
- Tu le détestes //actuellement//. Ta plus grande peur, c'est justement que tu viennes à l'utiliser sans cracher. Que tu te mettes à te voir comme un médecin sain qui doit soigner des malades. Et pas le meilleur des docteurs, plutôt le genre froid, distant, mécanique, qui s'estime supérieur à ceux qui viennent le consulter et dont le travail est alimentaire plus qu'une vocation.
- J'en suis loin. Du moins je l'espère.
- Tu en es loin comme l'homme au bord du précipice est loin du sol tout en bas. Les choses peuvent évoluer très vite.
- Je ne te suis pas. J'ai mis de l'eau dans mon vin certes, mais cela ne veut pas dire que j'ai changé en profondeur.
- Je n'ai pas dit que c'était une peur vraiment dangereuse. Juste persistante. Qu'à force de jouer les bonnes élèves, tu oublies qui tu es. Ou crois être. Parce qu'après tout, te connais-tu vraiment ? »
Cette pique-là est discrète, mais est celle qui fait le plus mal.
Vous avez pour ainsi dire trois vies, une à ce boulot, une à l'autre, et une dernière en privée. Et chacune démontre des facettes différentes, voire contradictoires de votre personnalité. Au point qu'il vous arrive régulièrement de douter de l'image que vous avez de vous-même, de ce que vous êtes à l'intérieur. Si tant que cette vérité absolue existe.
La pièce est silencieuse tandis que vous ruminez. La brieveté de cette conversation avec vous-même est déjà un signe que vous avez changé. Mais vous n'êtes plus sur la même voie qu'hier, et cela aura des conséquences demain.
À vous de faire en sorte que cette évolution soit pour le mieux et non pour le pire.
(set: $endings's change to true)(css: "font-size: 2em; font-style: italic")[Fin 3 : Un futur incertain]
[[Bilan->End]]
« Tu n'as rien d'intéressant à me dire ?
- Oh, j'ai des tas de trucs à te dire. En fait, j'ai l'impression que tu as pris la pire décision possible à chaque fois. Mais comme il n'y a pas de fil conducteur précis entre tes actions, que chacune s'oppose en partie à la précédente, chaque critique que je voudrais te faire contredirait la suivante. »
Magnifique, vous avez réussi à vous embrouiller vous-même.
(if: $empathy and $john_acceptance and not $fragile_joss and $human_psy)[(display: "Humanity")](else:)[Votre double réfléchit, et finit par trouver un sujet brûlant pour relancer le débat.
« Ah, si, il reste une éternelle constante. [[Maman->Mama]]. »]
« Arrête avec maman. Cela n'aboutit jamais sur rien.
- Si tu veux //vraiment// éviter le sujet, je ne peux guère t'en empêcher.
- De façon générale, je fatigue. Conclue donc. »
Et votre double s'exécute.
(if: $rebel_john and $rebel_joss and $violence)[ [[« Si tu veux. »->Fire]] ](else:)[ [[« Si tu veux. »->Not interesting]] ]
« Que veux-tu donc que j'ajoute ? J'ai listé les pierres d’achoppement de ton comportement du jour. Pour la plupart, ce sont des défauts, ou des qualités, si tu insistes pour te faire l'avocat du diable, que tu te connais déjà. »
Vous sentez que votre double partage assez logiquement votre fatigue.
« Ce bilan quotidien est intéressant, mais il n'est pas nécessairement productif. Je ne suis pas convaincue par les décisions que tu as prises, mais tu n'as pas //encore// activé //toutes// les sonnettes d'alarme.
- Bien tiède conclusion.
- Hope, je sais que tu n'aimes pas la demi-mesure, mais la vraie vie elle a tendance à être grise. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Médite donc sur les choix que tu as fait aujourd'hui, tires-en les conséquences, et reviens demain un peu plus sage. Je ne peux guère plus t'aider.
- Décevant.
- Hope, je suis toi. De fait, je reste humaine, donc limitée dans mes perceptions et mes connaissances. C'est ainsi, il faut accepter de ne pas avoir réponse à tout, de ne connaître que les questions, et parfois même pas dans leur entiereté.»
Vous acquiescez. Si cette journée a eu son lot de rebondissements propres, elle n'a effectivement pas fondamentalement dévié de votre ordinaire. Impossible de réellement la juger par elle-même, sans connaître à l'avance les conséquences qu'elle engendrera.
Aussi vous étirez-vous, vous levez-vous et vous dirigez-vous vers la sortie.
Demain, peut-être découvrirez-vous que l'un des murs du bâtiment a été redécoré avec un dessin un peu morbide mais sincère. Recevrez-vous un coup de fil pour discuter paperasse administrative ou déboires judiciaires. Devrez-vous vous débarasser, ou pas, d'une admiratrice un peu trop collante.
Mais cela, vous ne le saurez que demain.
(set: $endings's normal to true)(css: "font-size: 2em; font-style: italic")[Fin 1 : Une journée ordinaire]
[[Bilan->End]]
« Tu me fais peur.
- Tu te répètes.
- Normal. Il faut toujours souligner les points importants.
- Tu vas encore me reprocher d'avoir défoncé ce type ?
- Si seulement il n'y avait que cela. Mais le problème est beaucoup plus général. Non seulement tu as la rage, mais en plus tu la transmets à ceux que tu conseilles. Subtilement, insinueusement, tu les encourages à rentrer dans leurs ennuis la tête première et toutes griffes dehors.
- Ta métaphore tombe à plat. Je ne suis pas une malade contagieuse.
- Tu es une personne d'autorité, même si tu prétends le contraire, par la force de ton nom de famille, de ton expérience, de ta position sociale. Ce que tu dis et fais influence forcément ton entourage, et particulièrement ceux qui sont justement là parce qu'ils cherchent quelqu'un de confiance. Or, ce que tu racontes, ainsi que ton comportement intrinsèque, poussent les gens vers la transgression agressive.
- Est-ce un mal en soi ? Apprendre aux gens à ne pas se laisser marcher sur les pieds ne me paraît pas aberrant.
- Encore une fois, tout est affaire de mesure. Or connaître tes limites n'a jamais été ton fort. Il suffit de regarder l'état de tes phalanges pour s'en rendre compte. Tu frappes comme une dingue, sans te soucier du retour de flamme, au propre comme au figuré.
- Tu t'inquiètes trop. Joss, John, les autres, n'ont jamais autant heureux que depuis qu'ils ont commencé à ne plus avoir peur, des autres comme d'eux-mêmes.
- Tu m'appelles pour que je m'inquiète. C'est mon rôle. J'espère que j'exagère. Mais au cas où, fais bien attention à ne pas franchir la ligne. »
Vous ne répondez pas car vous n'en avez pas besoin, mais cela n'empêche pas que vous soyez troublée. La limite entre ce qui est //nécessaire// et ce qui va trop loin est plus que floue.
Une partie de vous se dit qu'il faudrait calmer le jeu avant que tout cela ne dégénère. Une autre est dévorée par la curiosité de savoir où le feu que vous allez attisé dans le cœur de certains va les mener.
Et entre la tiédeur sans danger et le feu destructeur, vous sentez bien que votre propre cœur penche dangereusement vers l'alternative la plus explosive.
Vous vous asseyez pour réfléchir en silence. Et en venez à la conclusion que vous devez partager vos doutes avec vos visiteurs réguliers. Que c'est à eux de prendre cette décision en toute connaissance de cause et non à vous.
Quant à votre propre choix, il est très clairement déjà arrêté.
(set: $endings's blood to true)(css: "font-size: 2em; font-style: italic")[Fin 5 : Sans limite]
[[Bilan->End]]
---
[[Note préalable]]
[[Mary Johnson]]
(if: $bibliography contains "n/a")[
[[Hors-case]]
]\
(if: $bibliography contains "devil's eye")[
[[L'œil du diable]]
]\
(if: $bibliography contains "freedom city")[
[[Freedom Price]]
]\
(if: $bibliography contains "ikebana")[
[[Le style Ikebana]]
]\
(if: $bibliography contains "bull")[
[[James Alexander]]
]
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« Bon, et bien, s'il n'y a rien d'autre, à la prochaine, John. »
Il acquiesce, ramasse ses affaires, et se lève.
« À la prochaine Hope. »
L'instant d'après il est parti, et ce bref interlude a déjà acquis une aura irréelle, si court et et bizarre qu'il semple plus tenir du rêve que de la réalité.
[[Vous vous remettez au travail.->Bibliography]]
''Évalutation psychiatrique de Mary Johnson''
Évaluation demandée par les services sociaux en réponse à la candidature de Mary Johnson et en raison de ses antécédents familiaux. Dossier confidentiel à ne transmettre qu'au service requérant.
//Avis de l'expert//
Comme démontré tout au long de ce dossier, Mary Johnson a passé avec brio tous les tests, prouvant ainsi qu'elle est une femme équilibrée en toute possession de ses facultés intellectuelles. Je n'ai donc aucune objection d'ordre médical à ce qu'elle accède au poste qu'elle demande.
//Note manuscrite jointe//
Je n'inclue pas ceci au dossier officiel, car je n'ai pas le moyen de prouver ce qui va suivre. On pourrait donc m'accuser d'être biaisé par mes opinions personnelles concernant les gens comme elles, et je n'ai pas envie de me prendre un procès pour discrimination. Mais il est important que je vous prévienne.
Mon avis réel est que cette traînée est une tarée manipulatrice indigne de confiance. Tout comme sa mère. Et je ne parle pas de la malheureuse madame Johnson.
Elle a étudié la psychiatrie. Elle savait ce qu'on attendait d'elle avec une telle évaluation, et nous l'a donné. Cela ne prouve donc rien.
Tandis que la proximité qu'elle entretient avec sa mère biologique, dédaignant tous les efforts de vos services pour lui offrir une véritable famille, stable et saine, démontre évidemment que la mauvaise graine s'est transmise par le sang.
Méfiez-vous donc avant d'accueillir en votre sein ce sinistre serpent.
(if: $credits)[ [[Retour->End]] ](else:)[ [[Retour->Bibliography]] ]
« Je pense que c'est plutôt bon signe au contraire.
- Comment cela ?
- Si mes actions te paraissent incohérentes de l'absolu, c'est parce que chacune de mes décisions a été adaptée à la personne que j'avais en face de moi. Que j'ai essayé de prendre la meilleure en fonction des spécificités de leurs caractères. Me suis réellement impliqué dans chaque cas et les ai soupesés indépendamment plutôt que de plaquer une grille de valeurs générique sur tous.
- Belles paroles. Belle philosophie. Mais excuse-moi de te rappeler que tu n'es pas forcément la personne la plus empathique qui soit. Rappelle-moi combien de temps il t'a fallu pour te rendre compte que cette fille te faisait du gringue ?
- Ce n'est pas un concours de vitesse. L'important est que je l'ai compris au final, et que j'ai compris ce que cela impliquait. Et de façon générale, je pense que je m'améliore avec l'expérience.
- Façon de dire que tu te trompes encore souvent.
- Tu vois toujours le verre à moitié vide, et moi à moitié plein. Mais dans ce cas précis, je préfère faire des erreurs et m'améliorer que m'imposer une méthode arbitraire qui sera fausse la plupart du temps.
- Tu acceptes que tu puisses faire des erreurs sans t'auto-flageller ? Toi ?
- Ce n'est pas évident. Mais je tends à croire que ce travail est en train de me faire mûrir un peu. »
Vous venez de clouer le bec à votre double, ce qui n'est pas une mince victoire. Mais après tout, quoi de plus naturel ? Cette journée vous a rassuré sur votre capacité à lire en les autres, une qualité qui pourtant ne brille pas chez vos parents (même si c'est surtout Ikebana qui plombe la moyenne). Et donc, //de facto//, sur ce que //vous//, Hope-Mary Rootless-Johnson, pouvait réaliser alors que votre mère s'y serait cassée les dents.
Et ça, honnêtement, même si ce n'est pas une pensée très charitable, qu'est-ce que ça peut faire comme bien au moral.
Également, cela vous conforte dans l'idée que vous avez bien choisi votre voie, pour votre bien comme pour celui des autres.
(set: $endings's empathy to true)(css: "font-size: 2em; font-style: italic")[Fin 4 : Confiance]
[[Bilan->End]]